Des échauffourées entre manifestants et militaires ont fait, jeudi après-midi, trois morts et plusieurs blessés dans la région de la Moyenne Guinée, notamment à Labé, une ville située à plus de 500 km de Conakry, la capitale.
Malgré l’appel mardi dernier du Front national pour la défense de la constitution (Fndc) pour un arrêt des manifestations jusqu’à nouvel ordre, les échauffourées se sont poursuivies mercredi et jeudi dans la ville de Labé.
Les habitants de cette ville, réputée être un fief de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg, opposition) d’où est originaire son président Cellou Dalein Diallo, ont demandé le départ du Gouverneur, Madifing Diané, accusé d’avoir commandité les exactions enregistrées lors des manifestations du Fndc.
Pour ramener l’ordre dans la zone, le Gouverneur a réquisitionné l’armée. Au total, trois personnes ont été tuées dans ces échauffourées. Il s’agit d’Alpha Oumar Barry, âgé d’une vingtaine d’années, de Mamadou Kossa Kanté, mécanicien de profession et Maître Djouma, ambulancier à l’hôpital régional de Labé. Ce dernier aurait reçu des balles pendant qu’il conduisait le corbillard transportant le corps de Mamadou Kossa Kanté.
Selon Younoussa Baldé, coordonnateur régional du Fndc de Labé, le Gouverneur « sème la terreur » dans cette zone. « Nous avons affaire ici avec l’armée. Ce sont des tirs à balles réelles qu’on est en train de vivre ici, mais la population a décidé de ne pas reculer, surtout les jeunes. Nous allons manifester jusqu’au départ du Gouverneur Madifing Diané », a-t-il indiqué.
Pour sa part, le Gouverneur Madifing Diané soutient que son départ n’a rien de significatif pour lui, affirmant qu’il ne va pas tolérer la violence. Sur la question de la réquisition de l’armée, souligne être dans la légalité. « Les manifestants sont dans la violence. Je ne fais que me défendre. Je me défendrai sans hésitation. J’ai la capacité de me justifier devant qui que ce soit. Je suis dans la légitime défense avec mes hommes », a-t-il laissé entendre.
Dans une déclaration, les sages de la Moyenne Guinée (Foutah Djallon) regroupés au sein de la Coordination Nationale des Foulbhés et Haali-Poular de Guinée (CNFHPG), tout en fustigeant la situation actuelle du pays, ont appelé au calme et demandé à l’Etat de jouer son rôle régalien.
La semaine dernière, de jeunes manifestants avaient incendié le tribunal de Labé.
Depuis octobre 2019, des manifestations contre le régime d’Alpha Condé, qui a annoncé un projet de nouvelle constitution, se multiplient dans le pays. Ces manifestations ont déjà fait une trentaine de morts.
SD/te/APA