Le président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL) Aliou Bah a été reconnu coupable d’« offense et diffamation » envers le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, et condamné à deux ans de prison.
En Guinée, le climat politique reste sous tension après la condamnation, ce mardi 7 janvier 2025, d’Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL).
Figure de l’opposition et critique assumé de la junte militaire au pouvoir, il a écopé de deux ans de prison ferme pour « offense et diffamation » envers le général Mamadi Doumbouya, président de la transition. Une décision qui suscite une vive indignation parmi ses s, avant d’être placé en détention provisoire le 30. Pour ses avocats, cette arrestation s’apparente à « une cabale judiciaire », témoignant d’une volonté d’étouffer toute voix dissidente. Maître Halimatou Camara, membre de l’équipe de défense, a dénoncé « une forme de misère morale qui s’est emparée des magistrats guinéens. »
Lors de son procès, Aliou Bah a rejeté les accusations portées contre lui. Ses avocats ont qualifié la procédure de « procès de la honte ». Me Houleymatou Bah a fustigé une décision « honteuse pour un État de droit. »
« Il n’y a aucun élément sur lequel le tribunal s’est fondé aujourd’hui pour rendre cette décision. C’est un procès de la régression de nos valeurs de la République, un procès qui veut bâillonner des gens qui ne pensent pas comme ceux au pouvoir. Nous n’allons pas nous taire », a-t-elle affirmé.
Cette condamnation a également suscité une réaction de la société civile. Amnesty International a publié un communiqué appelant à la libération immédiate d’Aliou Bah.
« La condamnation ce mardi à deux ans de prison de l’opposant Aliou Bah, président du MoDeL, pour offense au chef de l’État, est contraire aux principes du droit international sur la liberté d’expression. Il doit être libéré immédiatement », lit-on sur le compte X de l’ONG de défense desdroits de l’Homme.
Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), a fermement dénoncé cette décision. Dans un message publié sur sa page Facebook, il a qualifié la condamnation d’Aliou Bah de « farce judiciaire ». « Sur la base d’accusations aussi grotesques qu’inquiétantes, le président du MoDeL a été condamné à deux ans de prison ferme pour offense au Chef de l’État », a-t-il écrit.
Dalein Diallo a poursuivi en dénonçant une atteinte grave à la liberté d’expression. « Son « délit » ? Exercer ce qui reste d’un droit fondamental dans un pays où les libertés se meurent à petit feu : dénoncer les dérives autoritaires et les atteintes systématiques aux droits humains perpétrées par une junte ivre de pouvoir. »
Il a conclu en condamnant fermement ce qu’il décrit comme une « mascarade judiciaire » et en appelant à la mobilisation. « Le peuple guinéen ne se laissera pas réduire au silence par la terreur judiciaire d’une junte aux abois », a-t-il dit.
Malgré cette condamnation, l’équipe de défense d’Aliou Bah a réitéré sa détermination à continuer le combat. « Cela nous donne plus d’énergie pour attaquer et toujours dénoncer ce qui ne va pas dans ce pays. C’est vraiment de la honte pour la République de Guinée », a martelé Me Houleymatou Bah.
Sur les réseaux sociaux, des responsables politiques ont également manifesté leur indignation. « Le tribunal de la junte condamne Aliou Bah à deux ans de prison. Voilà ce qui attend chaque Guinéen désormais. Agir ou périr », a écrit sur X Abdoulaye Oumou Sow, du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
ARD/te/Sf/APA