Le gouvernement bissau-guinéen, nommé par le nouveau président Umaro Sissoco Embaló, légitimé par la commission nationale électorale (CNE) et l’armée, a déclaré avoir annulé la mission de la Cedeao qui devait arriver ce lundi à Bissau pour résoudre le différend électoral issu du second tour de la présidentielle.
« Au vu de notre Constitution et du traité de l’organisation sous-régionale (Cedeao), cette mission n’est pas la bienvenue. Et nous ne permettrons aucune délégation sans consultation préalable avec le gouvernement dirigé par Nuno Gomes Nabiam », le Premier ministre nommé par Embaló, a fait savoir Mamadu Serifo Jaquité, ministre de la présidence du Conseil des ministres.
Le nouveau gouvernement de Bissau a aussi indiqué que les forces de l’Ecomib allaient cesser leurs fonctions, soulignant que leur mission « termine à la fin de ce mois ». Il note que des « dispositions » sont en train d’être prises pour permettre aux « organes souverains » d’assurer leurs missions de défense et de sécurité en Guinée-Bissau.
Cette posture fait suite à la lettre envoyée par le représentant de la Cedeao à Bissau, Blaise Diplo-Djomand, à Aristides Gomes, Premier ministre reconnu par la communauté internationale et candidat au second tour déclaré vaincu par la CNE. Il demandait une rencontre avec la mission d’experts constitutionnels de l’organisation pour aider à trouver des solutions à la crise née de la présidentielle de décembre, sur laquelle la décision de la Cour suprême est toujours attendue.
L’une des raisons qui a conduit à l’annulation de la mission de la Cedeao est qu’elle allait comprendre des techniciens ivoiriens dont le pays a une « position douteuse » par rapport à la situation actuelle en Guinée-Bissau, selon Mamadu Serifo Jaquité.
Mais le représentant de la Cedeao a précisé dans sa lettre que la mission ne comprenait pas d’experts de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Mali et du Burkina Faso.
Déclaré vainqueur de l’élection présidentielle par la Commission nationale électorale, Umaro Sissoco Embaló a pris fonction il y a plus d’une semaine, alors que son adversaire du second tour, Domingos Simões Pereira, n’a toujours pas obtenu de réponse sur son recours déposé à la Cour suprême de justice. Il allègue de graves irrégularités dans le processus de vote.
Cependant la CNE a recompté plus d’une fois les bulletins, se rendant chaque fois à l’évidence que Embaló était le vainqueur.
Après son investiture, ce dernier a vite trouvé un successeur à Aristides Gomes, dirigeant le gouvernement issu de la législature avec une majorité parlementaire, en la personne de son allié Nuno Nabian.
Par ailleurs, l’armée a aussi pris position pour Embaló, occupant ou fermant certaines institutions dans ce pays qui connait une instabilité politique perpétuelle depuis son indépendance en 1974.
NM/odl/cgd/APA