Le troisième sommet entre la Turquie et l’Afrique qui s’ouvre ce vendredi à Ankara est l’occasion pour Recep Tayyip Erdogan d’affirmer la percée de son pays sur le continent.
Une présence tous azimuts, plusieurs accords de coopération signés ces dernières années, et une influence de plus en plus grandissante en Afrique, la Turquie est devenue en peu de temps un partenaire stratégique pour le continent.
Conscient des enjeux économiques et géopolitiques, Ankara veut s’affirmer davantage sur le continent africain avec ce troisième sommet du genre qui va réunir une quarantaine de hauts responsables africains dont treize chefs d’Etat.
Pendant deux jours (17 et 18 décembre), l’Afrique sera à l’honneur avec des thématiques sur l’économie et la sécurité. En froid avec certaines puissances européennes et face à la dégringolade de la livre turque depuis le début de l’année, le président turc veut profiter de ce rendez-vous avec les dirigeants africains pour élargir sa sphère d’influence et surtout donner un second souffle à son économie.
Depuis quelques années, le continent est devenu son terrain de prédilection depuis son rêve avorté d’intégrer l’Union européenne. Erdogan a effectué une quarantaine de visites en Afrique en tant que Premier ministre et président de la République de Turquie souvent avec des chefs d’entreprises dans ses valises pour nouer des partenariats. L’homme fort d’Ankara déroule ainsi sa « politique d’ouverture » vers le continent en tissant de solides liens avec plusieurs chefs d’Etat.
Économie et sécurité au menu
Sur le plan économique, la présence industrielle turque en Afrique peut se mesurer dans le secteur des infrastructures, de l’énergie, du textile, de la machinerie, des meubles, des appareils domestiques et des mines. Selon les données officielles de la Turquie, l’Afrique représente aujourd’hui 21% du chiffre d’affaires des entrepreneurs turcs qui ont gagné 65 milliards de dollars en valeur cumulée sur 150 projets réalisés dans divers pays africains. A l’instar des grandes puissances qui considèrent l’Afrique comme «le continent du futur », la Turquie ne cesse d’étaler ses tentacules.
Une montée en puissance économique qui s’accompagne par une diplomatie très active. De 2009 à aujourd’hui, le nombre de représentations diplomatiques est passé de 12 à 42, l’aide au développement a été fortement revue à la hausse et la compagnie aérienne Turkish Airlines qui ne desservait que 4 destinations africaines en 2008, propose aujourd’hui 51 destinations dans 33 pays du continent.
Au plan sécuritaire, Ankara compte sur ses drones de combat et ses équipements militaires à moindre coût pour s’ouvrir davantage au marché africain lors de ce sommet. Une occasion pour la quatrième puissance militaire européenne de promouvoir son arsenal auprès des États africains avec des conditions d’acquisition échelonnées et plus souples.
L’objectif du « reis » le « chef » en turc, est de valider son nouveau programme quinquennal avec l’Afrique au sortir de ce sommet. Une nouvelle feuille de route qui devrait permettre à la Turquie de doubler ses échanges commerciaux (25,3 milliards en 2020) avec l’Afrique pour atteindre la barre des 50 milliards de dollars.
CD/APA