Le Conseil constitutionnel a donné raison à la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple, opposition) après que la Direction générale des élections (DGE) a rejeté sa liste à Dakar pour les élections législatives du 31 juillet prochain.
YAW revient dans la course. Après l’invalidation de sa liste départementale à Dakar pour non respect de la parité, elle a déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel. La décision des « sept Sages » était attendue depuis hier soir, mais ils n’ont communiqué que ce mardi 24 mai. Et c’est pour donner une réponse favorable à la doléance de la principale coalition de l’opposition incarnée par Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Barthélémy Dias et Cie.
Le Conseil constitutionnel trouve « mal fondée » la décision du ministre chargé des élections de refuser au mandataire de Yewwi Askan Wi, Déthié Fall, la possibilité de procéder à la substitution de ses candidats. Pour se conformer à la loi sur la parité hommes et femmes, ce dernier avait sollicité le retrait de certaines personnes démissionnaires sur la liste du département de Dakar au scrutin majoritaire des prochaines élections législatives. Mais la DGE n’avait pas donné suite à cette demande avant de déclarer irrecevable la liste de YAW pour l’élection des députés à Dakar, une ville tombée dans l’escarcelle de cette coalition depuis les élections locales de janvier dernier.
M. Fall soutenait que l’accès à la commission de réception des dossiers de candidatures lui a été refusé. Il l’a ensuite fait constater par procès-verbal d’huissier du 11 mai 2022. Usant de son pouvoir d’interprétation, le Conseil estime que le mandataire aurait dû, en l’absence de toute disposition légale ou réglementaire contraire, être admis à procéder au retrait et au remplacement des deux candidats démissionnaires.
Par ailleurs, YAW n’a pas obtenu gain de cause dans toutes ses demandes. Le Conseil constitutionnel a rejeté en effet tous les recours relatifs à l’annulation des parrainages de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (unis pour un même espoir, pouvoir), qui avait déposé un nombre de parrains supérieur au maximum requis par la loi.
Problèmes de parité et de parrains
Ces derniers jours, le contexte politique est de plus en tendu entre les deux principales coalitions du pays, à savoir Benno Bokk Yakaar et Yewwi Askan Wi. Plusieurs irrégularités ont été signalées dans leurs listes déposées pour le scrutin législatif. Elles concernent notamment le non respect de la parité et le dépassement des parrainages requis. Selon plusieurs acteurs de la société civile, ces erreurs compromettent gravement la participation des deux coalitions à ces élections.
Cependant, Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Déthié Fall ont dénoncé hier soir le « traitement partial de la DGE sur les listes de Benno et YAW ». Face à la presse, ils notent que cet organe chargé d’organiser les élections n’a pas notifié à la coalition du pouvoir la non recevabilité de ses listes comme il l’a fait avec eux. Cette posture les a amenés à hausser le ton en menaçant de perturber l’organisation des élections.
Depuis Ziguinchor (sud) où il dirige la mairie de la ville, Ousmane Sonko a appelé à des manifestations avec une « mobilisation d’au moins 200.000 personnes » pour faire face à Macky Sall. « Si on décide de marcher sur le palais pour le déloger, on le fera. Il faut se battre contre Macky Sall pour le faire quitter. C’est le temps de l’action. Toutes les solutions sont envisageables », a-t-il dit dans une vidéo d’une quinzaine de minutes.
Toutefois, la décision du Conseil constitutionnel permettant à YAW de retravailler sa liste à Dakar pourrait faire baisser la tension en attendant l’étape de sa validation par la DGE. Néanmoins, le mandataire de BBY, Benoit Sambou, demande toujours l’invalidation de YAW. Face la presse, il déclare avoir relevé des irrégularités sur au moins quinze listes départementales de cette coalition concurrente.
ODL/cgd/APA