Pour sa deuxième comparution devant le tribunal en charge de juger les crimes de sang viols et massacres survenus le 28 septembre 2009, Moussa Dadis Camara a livré une partie de sa version des faits.
Moussa Dadis Camara devait comparaitre lundi 5 décembre, mais son audition a été reportée d’une semaine pour des raisons de santé. De retour devant le prétoire lundi 12 décembre, l’ex-président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) était d’attaque. Il a vertement accusé Alpha Condé et Sékouba Konaté, tous anciens présidents de la Guinée d’avoir orchestré les massacres au stade en servant de son aide de Camp Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba.
Pour Dadis Camara, le 28 septembre est un complot qui ne visait qu’à le faire partir du pouvoir. Il est convaincu que l’ancien chef de l’Etat, Alpha Condé (2010-2021) savait qu’il allait organiser des élections libres et transparentes et passerait la main au « vrai vainqueur ».
Selon l’ancien président de la junte guinéenne (2008-2009), un premier complot consistait à l’affaiblir en le déposant dès les premières heures de son coup d’Etat. « Mais ça n’a pas marché », déclare-t-il, refusant catégoriquement de faire amende honorable devant le peuple guinéen. « Quel pardon vais-je demander au peuple de Guinée ? C’est Toumba et Sékouba qui doivent venir ici demander pardon à tout le peuple de Guinée. Le 28 septembre a été savamment orchestré, préparé de toutes pièces par M. le Président Alpha Condé, Sékouba et leur exécutant Toumba Diakité» , a insisté Dadis Camara.
A son arrivée au pouvoir en 2008, le capitaine Moussa Dadis Camara a entamé un audit de la gestion du régime du général Lansana Conté (1984-2008). Plusieurs anciens dirigeants d’alors avaient été soumis à un interrogatoire télévisé pour justifier leur gestion des biens publics. Et c’est dans cet exercice, selon l’ex président du CNDD qu’il a pris connaissance de la stratégie de l’ex-opposant historique, Alpha Condé.
« Dadis, un adepte des théories du complot ? »
Dans une tenue traditionnelle, l’ancien président a soutenu que la seule préoccupation de Alpha Condé était de salir Cellou Dalein Diallo et d’empêcher que les élections qui devaient sanctionner la fin de la transition soient organisées dans la transparence. « C’est là où j’ai commencé à avoir tous les faux problèmes », se convainc-t-il. Sauf que pour le camp de Toumba Diakité, le président Moussa Dadis est un adepte des « théories du complot ».
« Les événements du 28 septembre sont la conséquence logique de la volonté de Dadis d’ôter la tenue pour se présenter comme candidat. C’est ce qui est à l’origine de cela. (…) Il n’a rien dit. Il se lance dans une rhétorique politique plutôt que de se défendre par rapport aux faits qui lui sont reprochés », a déclaré Me Lansiné Sylla, avocat de Toumba. Le président du tribunal, Ibrahima Sory II Tounkara, a renvoyé l’audience au 13 décembre pour la suite des débats.
SKD/ac/APA