Aborder la question des LGBTQ+ a toujours été une sorte de nid de frelons en Afrique, où le sujet suscite des émotions extrêmes parmi les politiciens, les leaders d’opinion et les Africains.
Lorsque la vice-présidente américaine Kamala Harris s’est adressée à des centaines de jeunes sur la place Black Star à Accra, au Ghana, le 27 mars, elle a exprimé le soutien inconditionnel de son gouvernement à la communauté LGBTQ+ en Afrique. La réaction à ses paroles a été immédiate, rapide et sans équivoque de la part du président de la Chambre des représentants du pays, Alban Bagbin.
Mme Harris n’a pas pu s’empêcher de répondre à l’urgence qui a entouré le dépôt d’un projet de loi interdisant les lesbiennes et les gays en Ouganda, pays d’Afrique de l’Est dont le président Yoweri Museveni est l’un des plus ardents défenseurs de cette pratique sur le continent, où il insiste sur la nécessité de protéger les valeurs naturelles pour éviter qu’elles ne soient corrompues par des valeurs non naturelles.
Un projet de loi similaire est en cours au parlement ghanéen
Mme Harris, 49ème vice-présidente des Etats-Unis, n’a pas mâché ses mots lors d’une conférence de presse tenue le 27 mars, lorsqu’elle a précisé que la position de son pays sur les LGBTQ+ ne se limitait pas au Ghana, mais s’appliquait à l’ensemble du continent, où l’attitude à l’égard de ces orientations sexuelles oscille entre une opposition tacite dans certains pays et une hostilité carrément violente dans d’autres.
« C’est une question que nous considérons et que je considère comme une question de droits de l’homme et cela ne changera pas », a-t-elle déclaré sous le regard du président Nana Akufo-Addo, qui se tenait à quelques mètres d’elle.
Loin des subtilités diplomatiques qui empêchent une réponse rapide et franche alors que le numéro 2 américain est encore en ville, le président de la Chambre des représentants, M. Bagbin, s’est débarrassé de cette inhibition et est passé à l’action, reprochant à Mme Harris son air apparemment condescendant et sa suffisance, tout en indiquant clairement que le Ghana ne se laisserait pas intimider par une grande puissance.
Il a indiqué que forcer une nation comme le Ghana à adopter cette pratique était antidémocratique et méprisait les valeurs des Ghanéens et de leur pays, où les LGBTQ+ ne seront jamais tolérés.
Et d’ajouter que même le pape François s’était prononcé sur la question en faveur de la prudence morale et que le parlement ghanéen examinerait bientôt un projet de loi interdisant cette pratique, dans l’attente de la présentation d’un rapport sur la question.
Les députés ghanéens débattent actuellement du projet de loi sur la promotion des droits sexuels humains et des valeurs familiales ghanéennes, qui érige en infraction pénale la défense des droits des homosexuels et prévoit des peines d’emprisonnement pour les délinquants LGBTQ.
« C’est la création et c’est le piment de la vie. Comment se fait-il que nous utilisions cela pour nous diviser ? S’il vous plaît, laissez le rapport circuler. Nous devons légiférer. Nos amis, oui, ont adopté leur loi en Ouganda. Nous n’avons pas suivi leur voie parce que notre constitution est claire quant à la direction que nous devons prendre
et nous serons donc guidés par elle », a déclaré le président de la Chambre des représentants dans son discours télévisé.
En attendant, la bataille pour préserver l’âme de l’Afrique se poursuit : la ministre française des Partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, a choisi Accra pour lancer une campagne en faveur du respect et de la protection des droits des personnes LGBTQ.
Mme Zacharopoulou a décrit les droits des LGBTQ comme une valeur fondamentale et son action de plaidoyer sera axée sur le renforcement de cette conviction dans toute l’Afrique.
Mme Zacharopoulou, qui effectue une visite de trois jours au Ghana, déclare que les droits des homosexuels sont une question de droits de l’homme partout dans le monde.
L’Afrique du Sud et le Cap-Vert font partie des quelques pays d’Afrique où les LGBT sont dépénalisés.
Cette pratique n’est pas criminalisée dans un certain nombre de pays africains, notamment les deux Congo, le Bénin, le Rwanda, le Mali, Madagascar et la Côte d’Ivoire.
WN/as/fss/APA