La militante féministe gambienne pour la justice sociale, Matida Kebbeh, affirme dans un entretien avec APA n’être pas surprise par la décision du président Adama Barrow de dévoiler son ambition politique qui, selon elle, trahit la confiance de ses compatriotes.
Il y a eu des réactions mitigées en Gambie après que le président Adama Barrow a révélé son projet de former son propre parti politique avant la prochaine élection présidentielle de 2021.
Le président Barrow s’est finalement exprimé sur la question à Banjul, la capitale, après des semaines d’une tournée nationale dénommée « Meet the People », un périple que la constitution du pays accorde chaque année à tout chef d’Etat gambien.
« J’attendais juste l’annonce, maintenant que nous savons tous qu’il est officiellement installé pour assumer un autre mandat de cinq ans. Cela prouve qu’une fois que vous goûtez au pouvoir, il devient difficile de l’abandonner », a confié Matida à APA.
Selon elle, « cela signifie également que nous n’avons plus foi en Barrow. Il devra faire tout son possible pour gagner la confiance des gens, sinon ce ne sera que de la politique, comme d’habitude. Rappelez-vous qu’il est arrivé au pouvoir avec une promesse électorale de diriger le pays pendant trois ans, et pratiquement rien n’a été fait, nous n’avons que des plans sur le papier ».
Kebbeh estime que ceux qui restent dans son cercle de pouvoir immédiat ne sont pas là pour la Gambie, mais pour se remplir les poches.
« Maintenant, nous assistons à une concurrence ouverte sur la scène politique, alors que la Présidence devrait se concentrer sur les plans de développement national », déplore-t-elle.
En plus, elle met en garde Barrow et ses rivaux à la présidence sur le fait que le paysage politique est sombre et qu’il serait difficile pour un seul parti politique de faire un score de 40% lors des prochaines élections de 2021.
« Nous assistons à une fraction entre les partis présents à l’Assemblée nationale », soutient Matida Kebbeh.
Le président Adama Barrow était membre du Parti démocratique uni (UDP) jusqu’en 2016, lorsqu’une coalition de sept partis politiques a rejoint les rangs pour renverser l’ancien homme fort Yahya Jammeh qui a dirigé le pays pendant 22 ans.
Cependant, deux ans après son élection, Barrow et son ancien parrain politique Ousainou Darbo de l’UDP sont engagés dans des querelles stériles.
Au cours de son le périple « Meet the Peoples » à travers le pays, d’énormes foules accompagnaient le président Adama Barrow sur fond d’ambiance tumultueuse dans tout le pays, un spectacle qui l’a incité à croire qu’il serait le favori pour remporter à nouveau la présidence.
Cependant, certains de ses détracteurs ont averti que plusieurs faux pas pourraient coûter au président Barrow la présidence dans ce qu’ils qualifient d’élection présidentielle la plus imprévisible depuis l’indépendance du pays.
DB/as/fss/te/APA