Environ 30.000 manifestants ont marché, lundi, dans la banlieue de Banjul, la capitale gambienne, donnant ainsi un ultimatum d’un mois au président Adama Barrow pour respecter sa promesse électorale et de se retirer après trois ans au pouvoir.
Les manifestants promettent de se réunir à nouveau à Banjul si le président Barrow ne tient pas sa promesse de démissionner.
A l’appel du mouvement «Three years jotna (3YRS)», les manifestants s’étaient rassemblés à une intersection, à environ 7 kilomètres de là, lundi matin, et s’étaient dirigés vers le pont Denton brandissant des pancartes et des banderoles anti-Barrow sur fond de musique et de danse dans une atmosphère de carnaval.
Le mouvement avait initialement prévu d’organiser leur manifestation depuis Westfield Junction au cœur de la plus grande ville du pays, Serrekunda, et de se déplacer comme en procession vers Banjul et le siège du gouvernement au siège de l’Etat, où ils devaient exprimer leur grief au président.
Cependant, la police gambienne craignait l’infiltration des manifestants par des criminels et des anarchistes pour semer la pagaille.
Selon la directive de la police aux organisateurs de la manifestation, leur procession devrait commencer à 10 heures au point de rassemblement connu sous le nom de Sting Corner et se terminer « à environ 200 mètres du pont de Denton » à 14 heures.
Ebrima Sanrakeh, porte-parole du gouvernement, a déclaré lundi à une radio privée que la procession n’était pas autorisée autour des villes car, elle va perturber la libre circulation, notamment dans la ville de Serrekunda très animée en ce début de semaine.
Dans les jours précédents, des internautes se moquaient des dirigeants du mouvement, ironisant sur « l’’idée absurde d’organiser une manifestation dans un no man’s land ».
Par ailleurs, la sécurité avait été renforcée à Serrekunda et à Banjul 24 heures avant la manifestation en réponse aux inquiétudes d’un public méfiant qui craignait des débordements.
Lundi, les Gambiens se sont réveillés avec une forte présence des forces de sécurité dans les rues, en particulier celles qui mènent à des zones commerciales et industrielles.
Le mouvement « Three Years Jotna (Three Years is Up) » a pour objectif de faire pression sur le président Barrow pour qu’il démissionne conformément à sa promesse électorale de 2016 de rester au pouvoir pendant une période transitoire de trois ans.
L’approche originale du mouvement est de mener une série de campagnes de désobéissance de masse qui encouragent les fonctionnaires à ne pas se présenter au travail.
Cependant, un autre mouvement en faveur de l’intention du président de faire un mandat de cinq ans, comme le prévoit la Constitution, a rapidement été lancé pour contrecarrer le mouvement « Three Years Jotna ».
Ce contre-mouvement a depuis perdu de sa vigueur, mais ses dirigeants ont également demandé à la police l’autorisation d’organiser une procession rivale à une date ultérieure pour soutenir le souhait de Barrow de rester au pouvoir jusqu’en 2021.
A la veille des élections de décembre 2016 qui l’ont vu chasser son prédécesseur Yahya Jammeh, le président Barrow avait promis de diriger un gouvernement de transition pendant trois ans, après quoi il allait démissionner et organiser une nouvelle présidentielle à laquelle il ne serait pas candidat.
Cependant, même si les Gambiens considèrent qu’il a renié sa promesse électorale, beaucoup pensent que c’est excusable étant donné que la constitution du pays prévoit qu’un président élu puisse servir pendant cinq ans.
WN/as/lb/te/APA