En résidence surveillée depuis le renversement de son époux, Sylvia Bongo a été placée jeudi 12 octobre sous mandat dépôt dans une prison de Libreville.
La descente aux enfers continue pour Ali Bongo et sa famille. Près de deux mois après le coup d’Etat qui a renversé Ali Bongo Ondimba, l’ex-Première dame Sylvia Bongo rejoint son fils, Noureddin Bongo, en prison. La Franco-Gabonaise âgée de 60 ans est inculpée depuis le 28 septembre pour « blanchiment de capitaux et faux et usage de faux ». Elle est accusée d’avoir « détourné massivement des fonds publics ». Ainsi, après une longue audition mercredi soir avec un juge d’instruction, elle a été placée sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville, la capitale.
Réputée influente sous le régime de son mari, qui souffre encore des séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a terrassé en 2018, Sylvia Bongo est soupçonnée par la junte gabonaise d’avoir « manipulé » l’ex-chef de l’Etat au côté de leur fils Noureddin Bongo dans le cadre de l’élection présidentielle d’août 2023, déclarée gagnée au premier tour par le fils de l’ancien président Omar Bongo (1967 – 2009). Les militaires, qui ont mis fin le 30 août dernier à plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo, ont accusé par la suite l’entourage d’Ali Bongo, au pouvoir depuis quatorze ans, d’avoir truqué sa réélection.
C’est ainsi que Noureddin Bongo est arrêté depuis le premier jour du coup d’Etat, poursuivi pour « corruption » et « détournements de fonds publics ». Il a été même filmé avec d’autres collaborateurs du cabinet présidentiel à côté de valises et sacs débordant de billets de banque saisis à leurs domiciles.
En revanche, Ali Bongo a été déclaré libre de ses mouvements une semaine après son placement en résidence surveillée. Les nouvelles autorités gabonaises ont semblé le mettre rapidement hors de cause, considérant qu’il avait été « manipulé » par son épouse et leur fils depuis son AVC.
Le chef de l’Etat déchu, qui a appelé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux « à faire du bruit » pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel dès les premières heures du coup d’Etat, vit encore au Gabon alors que la junte militaire a affirmé lui avoir indiqué qu’il était « libre » d’aller à l’étranger subir ses examens médicaux de suivi.
Le Gabon, qui pointe à la 136ème position sur 180 pays pour la perception de la corruption dans le classement de Transparency International (2022), est dirigé depuis début septembre par le général Brice Oligui Nguema, ancien chef de la garde présidentielle. Il a été proclamé président de la transition gabonaise le surlendemain du putsch qu’il a dirigé et plébiscité dans les rues par une population gabonaise qui avait soif de changement après plus de cinquante ans de règne du clan Bongo à la tête de cet Etat d’Afrique centrale riche en hydrocarbures.
ODL/te/APA