Pour combler le déficit de financement du développement durable et réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) en Afrique, un atelier régional stratégique visant à mobiliser les financements intérieurs par le biais de cadres de financement intégrés nationaux (INFF, sigle anglais) s’est ouvert ce mercredi à Addis-Abeba (Ethiopie).
La quête de solutions durables pour financer les ambitions de développement de l’Afrique a franchi une étape décisive avec l’ouverture aujourd’hui d’un important atelier régional sur les Cadres de financement intégrés nationales (INFF). Réunissant des experts financiers, des responsables et des représentants d’organisations internationales de 30 pays africains, cet événement de deux jours vise à renforcer les capacités des acteurs et à promouvoir le dialogue sur la mobilisation des ressources intérieures.
Les INFF, promus par les Nations Unies dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba de 2015, proposent une approche globale pour aligner les politiques de financement avec les priorités nationales de développement durable. En intégrant les finances publiques et privées, ils permettent d’exploiter pleinement les ressources disponibles et de les canaliser efficacement.
Dans son discours liminaire, Zuzana Schwidsowski, Directrice de la macroéconomie et de la gouvernance à la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a souligné l’urgence d’agir face aux multiples crises menaçant les progrès du développement durable.
« Nous entrons dans une ère de défis cumulés avec les pandémies, le changement climatique et les tensions économiques et financières mondiales », a-t-elle averti, ajoutant que le temps presse pour mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation du Programme de développement durable à l ‘horizon 2030.
Mme Schwidsowski a rappelé l’énorme déficit de financement s’élevant entre 200 milliards et 1,3 milliard de dollars par an pour le continent, selon le Rapport économique sur l’Afrique 2020 de la CEA. Elle a insisté sur le rôle clé de l’INFF pour exploiter pleinement le potentiel de mobilisation des ressources intérieures et les aligner sur les plans nationaux.
S’exprimant par vidéo, Shari Spiegel, Directrice du Bureau du financement du développement durable à l’ONU, a souligné l’importance vitale des finances publiques solides. « Des systèmes fiscaux robustes peuvent contribuer à réduire la pauvreté, les inégalités et stimuler la croissance économique », a-t-elle affirmé, tout en reconnaissant les défis posés par la mondialisation et la numérisation.
Mme Spiegel a également salué la création récente d’un Comité ad hoc de l’Onu chargé d’élaborer un cadre pour une coopération fiscale internationale plus équitable et efficace, la qualifiant « d’étape historique. »
De son côté, Maxwell Gomera, Directeur du Hub Financement durable pour l’Afrique du PNUD, a insisté sur la contribution des INFF à la transformation des économies africaines. « Avec des ressources limitées dans de nombreux pays, les INFF assurent une mobilisation, une allocation et une utilisation optimale de tous les fonds disponibles, en les orientant vers les secteurs prioritaires », a-t-il expliqué.
Rumbidzai T. Manhando, Coordinatrice du Programme des institutions financières de l’Union africaine, a réitéré l’engagement des pays membres à renforcer le financement public et privé du développement durable grâce à l’INFF. Elle a annoncé le lancement prochain de la Plateforme virtuelle d’investissement africain visant à stimuler une croissance inclusive.
Au cours des deux prochains jours, les participants partageront leurs expériences et renforceront leurs capacités à élaborer des stratégies de financement efficaces, alignées sur les priorités nationales. Un dialogue approfondi est également prévu sur les tendances et enjeux des finances publiques impactant la mise en œuvre de l’INFF.
Les conclusions de cet atelier régional stratégique alimenteront les discussions de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement prévue en Espagne en 2025.
ARD/ac/APA