L’ancien chef d’Etat de la République fédérale du Nigéria, Olusegun Obasanjo (1999-2007), a magnifié jeudi à Kigali, capitale du Rwanda, à l’ouverture d’un colloque sur la 25e commémoration (Kwibuka25) du génocide contre les Tutsis, le « leadership fort » marqué par ce pays, connaissant aujourd’hui de profonds changements, depuis cette tragédie qui a emporté près d’un million de sa population.
« Le Rwanda est étudiant de sa propre expérience, c’est pourquoi nous sommes là », a dit Obasanjo devant une centaine de personnes, en présidant par ailleurs à Intare Conference Arena, siège du Front patriotique rwandais (FPR, parti au pouvoir), cette activité qui s’étale jusqu’à demain vendredi et dont le thème est : « Préservation de la mémoire, un combat de l’humanité ».
Aujourd’hui, note l’octogénaire nigérian, le Rwanda est « dans la bonne direction », alors que « pendant que l’Afrique du sud sortait de l’apartheid (en 1994), les Rwandais se massacraient dans un paroxysme de violence politique ».
A l’époque, « le pays sentait la mort, puait la mort, le pays était mort », a poursuivi Olusegun Obasanjo, rappelant en premier lieu que les Hutus, qui se considéraient comme peuple supérieur, exterminaient les Tutsis qu’ils considéraient d’un autre côté comme des « cancrelats ».
« Des intellectuels diaboliques ont été le cerveau de ce génocide », conduisant ainsi pendant « 100 jours » à créer « 2 millions de réfugiés », certains ayant notamment « fui vers le Congo », a indiqué l’ancien président nigérian.
Mais « après un demi-siècle », Obasanjo se réjouit du fait que ce pays de l’Afrique de l’est est aujourd’hui « cité en modèle » grâce surtout au « leadership » incarné par son actuel président, Paul Kagamé, au pouvoir depuis 2000 et dont « nous devons prendre exemple ».
« Aujourd’hui, on ne permet plus de mobilisation à base ethnique. Aujourd’hui, on est Rwandais. C’est une chose importante dont il faut féliciter le Rwanda », a poursuivi Obasanjo, qui note par ailleurs que ce pays « a toujours eu une seule langue, une seule culture » mais que certaines contrées avaient « été tribalisées ».
Toutefois aujourd’hui, a renchéri l’ancien chef d’État nigérian, le leadership rwandais « est à la fois impatient et a des idées claires », vu que « le développement est un marathon et il faut courir ».
« Entre 2005 et 2013, le PIB a progressé de 5,2%. (…) La mortalité infantile est réduite de moitié. (…) C’est un pays propre et sécurisé. La police ne vous demande pas de pots de vin. La police est polie et serviable. (…) C’est un pays qui a le plus grand nombre de parlementaires femmes », a illustré le Nigérian.
Donnant l’exemple de son pays, Olusegun Obasanjo a indiqué que « l’inclusion ethnique est très difficile de mettre en œuvre (même si) c’est la meilleure manière de sécuriser nos pays ».
Ainsi, pour « préserver la mémoire sans amertume » du génocide rwandais : « Continuons à méditer la leçon du mal qui a été commis, méditer pour trouver des solutions et améliorer la vie des survivants », a préconisé l’ancien président du Nigeria.
La 25e commémoration du génocide contre les Tutsis, appelée localement « Kwibuka » (se souvenir), a démarré ses activités depuis hier 3 avril et va se poursuivre jusqu’au 13 avril prochain, même si la journée phare est pour le 7 avril : par ailleurs consacrée par l’Assemblée générale de l’ONU comme une Journée internationale de réflexion sur le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda.
A cette journée phare, la France, dont le rôle dans le génocide est pointé du doigt mais que son rapprochement avec le Rwanda est constaté ces derniers mois, sera représentée cette année par Hervé Berville, un élu français d’origine rwandaise rescapé du génocide de 1994.
ODL/te/APA