Abubacar Tambadu, ancien procureur gambien au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a déclaré vendredi à Kigali, que son pays pouvait « réussir » la mission de l’unité nationale que s’est assignée une commission mise en place par le président Barrow depuis le départ de Yaya Jammeh, en prenant notamment exemple sur le Rwanda.
S’exprimant en marge d’un panel dans le cadre de la 25e commémoration du génocide commis contre les Tutsis au Rwanda, l’ancien ministre gambien de la Justice a soutenu que ses compatriotes pouvaient « réussir » la même chose que les Rwandais, après avoir vécu 22 ans de division sous le régime du président Yaya Jammeh.
Après son installation mouvementée (en 2017) face au refus de partir de Jammeh, vaincu dans les urnes, le nouveau président Adama Barrow a lancé en octobre 2018 la Commission vérité, réconciliation et réparations pour faire la lumière sur les exactions commises par son prédécesseur.
Et c’est le 7 janvier dernier, deux ans après la chute de l’ex-président, que cette commission a entamé ses auditions. Ayant passé 15 ans au TPIR, M. Tambadu s’est occupé des dossiers « de plus de 15 accusés » du génocide rwandais, en parcourant notamment la « plupart des régions » de ce pays de l’Afrique orientale.
« J’ai tout vu et tout entendu au Rwanda », a confié Abubakar Tambadu, appelant par ailleurs à n’accorder « aucun crédit à ceux qui nient le génocide contre les Tutsis ».
Selon lui, les événements qui se sont passés dans ce pays « ont montré qu’il existait un autre aspect de l’humanité », avec surtout « des femmes et des enfants » de cette communauté minoritaire qui « ont résisté » avec les moyens du bord (projectiles) pour préserver leur « volonté de vivre ».
« Le Rwanda a démontré qu’il n’est pas nécessaire de diviser la population pour rester au pouvoir », a analysé le juriste gambien, rappelant que les leaders rwandais du génocide avaient exploité les « différences ethniques » pour s’éterniser au pouvoir.
Toutefois, assure Abubakar Tambadu, la résurrection du Rwanda, un pays qui est par ailleurs « en train de vaincre la pauvreté », est juste à la hauteur des citoyens rwandais qui sont « des hommes et des femmes qui savent triompher ».
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