La scène est maintenant banale dans les rues de Kigali, la capitale du Rwanda : des femmes enceintes en train de faire du jogging. En groupes ou en solitaire, elles font leurs petites foulées, s’adonnant ainsi à une pratique de plus en plus encouragée par des associations féminines ou par les autorités.
A défaut de courir, certaines femmes enceintes s’adonnent à des étirements et autres exercices physiques. Pour un double objectif : s’inscrire dans une pratique devenue une mode à Kigali, mais aussi et surtout combattre le surpoids qui les guette.
Il faut reconnaitre qu’en dépit des efforts déployés récemment par les autorités pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant, jamais durant ces dernières années les Rwandaises en grossesse n’ont été aussi obèses. Des prises de poids qui sont souvent à l’origine de complications durant, surtout, l’accouchement.
Cela explique pourquoi, au moment de lancer la pratique du sport de masse en 2016, les autorités ont pensé aux femmes enceintes. Profitant de cette campagne, le gynécologue de Christa Mukansonera — elle est à quatre mois d’un cinquième accouchement– lui a conseillé de faire du jogging.
Agée de 39 ans et mère de quatre enfants, Christa qui pesait 11,5 kg de plus que son poids normal, se réjouit aujourd’hui d’avoir suivi les conseils de son gynécologue. Dans un sourire laissant deviner son bien-être, elle confie : « La peur de l’accouchement pour la majorité des femmes enceintes a été pendant longtemps tellement paralysante qu’elles ont négligé les bienfaits de l’activité physique ».
Pour perdre ses kilos de trop, Mukansonera a rejoint un groupe de femmes qui, tous les jours, court environ 5 km.
Nelson Mukasa, un expert en sports de masse et principal moniteur sportif de la Journée bimensuelle sans voiture de Kigali, reconnait qu’en plus des hauts fonctionnaires l’appel de l’Etat à faire du jogging ou des mouvements gymniques, a trouvé un écho favorable auprès des femmes enceintes.
Selon Mukasa, il est obligé de tenir compte de cette nouvelle donne, d’où il a été amené à élaborer des séances d’entraînement spécifiques. Et ce n’est pas tout, il faut, explique-t-il, moduler la pratique sportive suivant l’avancement de la grossesse des femmes.
Certes, « la grossesse elle-même est un sport extrême, mais les femmes qui pratiquent de tels exercices se rendent souvent compte que leur accouchement est plus facile », objecte l’obstétricien gynécologue Jean Nyirinkwaya. Il conseille, toutefois, aux femmes enceintes de solliciter l’avis d’ «un médecin qualifié » avant de s’adonner au sport.
Les avis favorables doivent être nombreux, au vu du nombre impressionnant de femmes enceintes en train de courir ou de faire des mouvements dans les rues de Kigali. Elles sont, pour la plupart, encouragées par les associations féminines qui organisent tous les quinze jours des activités sportives de masse.
Ainsi, certains quartiers de capitale sont transformés en zones sans voiture où les résidents se livrent dans les rues à des exercices physiques, à la marche, au jogging ou au vélo.
Au programme de la Journée sans voiture figurent des examens médicaux gratuits destinés à prévenir et à soigner, au besoin, les maladies non transmissibles.
De l’avis des médecins et professionnels de la santé, le sport aide les femmes enceintes à éviter le surpoids et à avoir un accouchement facile, mais il les préserve également contre la dépression ou l’anxiété prénatale.
CU/as/fss/cat/APA