En Afrique de l’ouest, des chercheurs indiquent que la gestion des forêts et des terres a besoin d’être accompagnée par un cadre juridique renforcé.
Face aux persistants phénomènes de changement climatique, les actions pour la préservation de la biodiversité se multiplient en Afrique. Au Sénégal notamment, des acteurs réfléchissent depuis plusieurs mois pour renforcer le cadre juridique forestier national à l’aune des défis transfrontaliers et tendances de la déforestation dans l’écosystème de la forêt tropicale de Haute-Guinée et au Sahel.
Sous l’impulsion du ministère sénégalais de l’Environnement et du Développement durable et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ils ont présenté lundi 30 janvier à Dakar un rapport d’activités épousant le projet quinquennal intitulé « Transformation global des forêts pour les gens et le climat : focus sur l’Afrique de l’Ouest ».
L’objectif des chercheurs est de renforcer la prise de décision sur la gestion des forêts et des terres en dans cette région en améliorant la connaissance de l’état et de la dynamique des écosystèmes forestiers, en renforçant le cadre législatif et réglementaire forestier et en démontrant et en partageant les meilleures pratiques de gestion communautaire des forêts au niveau régional ainsi qu’au niveau global.
Dans cette optique, le rapport du Sénégal, organisé selon le même modèle de rapport des autres pays, relève différentes contraintes juridiques pour permettre d’assurer une gestion durable des écosystèmes forestiers, selon les auteurs de l’étude menée en coordination avec la FAO, l’Agence suédoise de développement et coopération Internationale (Asdi) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).
Plusieurs constats
Les constats portent sur « un cadre juridique nouveau, qu’il faut améliorer », « une multitude d’institutions concernées par la gestion et la préservation des ressources naturelles et de l’environnement », « la promotion d’une gestion communautaire réelle des ressources forestières » et « la dégradation progressive des ressources forestières ».
Pour Mahfouss Sarr, coordonnateur du bureau ouest-africain de la FAO, le renforcement du cadre juridique des forêts, qui « jouent un rôle important dans la préservation de notre planète », est « une question cruciale qui transcende les frontières ». Il explique que les défis frontaliers « multiples » sont liés le plus souvent au braconnage et à la coupe illicite de bois.
Face à ces « menaces graves pour nos forêts », il encourage « l’agroforesterie » et prône l’implication « nécessaire » des communautés locales qui « ont souvent une connaissance approfondie de leurs forêts ». « Ensemble, nous pouvons développer des politiques qui favorisent le développement durable des forêts » en mettant en place « les institutions prévues » et en ajoutant « des définitions clés dans le code forestier », a indiqué M. Sarr, magnifiant les propositions de renforcement du cadre juridique forestier à travers cette recherche.
Représentant le gouvernement sénégalais, le directeur des Eaux et Forêts, colonel Babacar Dione, a rappelé que « la gestion des ressources forestières est en partie transférée aux collectivités locales » même si l’Etat central en est « toujours garant ». De ce fait, l’encadrement juridique est « important parce que les besoins (des usagers sur les forêts) ne sont pas les mêmes », a-t-il noté.
Des millions d’hectares de forêts
Soulignant que son pays « compte plus de huit millions d’hectares de forêts », M. Dione a averti toutefois que les « impacts négatifs » sur ces dernières affectent « les conditions d’existence de nos populations ». C’est pourquoi, « l’Etat a adopté un certain nombre d’outils et de mécanismes pour valoriser les aménagements forestiers » dans le but de « conserver la biodiversité », a-t-il fait savoir.
Mis en œuvre par la FAO, le projet « Transformation global des forêts pour les gens et le climat : focus sur l’Afrique de l’Ouest » demeure « essentiel » pour accompagner la mise en œuvre du Plan de convergence de la l’organisation régionale pour la gestion et l’utilisation durables des écosystèmes forestiers en Afrique de l’Ouest, qui a été adopté en 2013 et qui est en cours de révision, d’après les auteurs de l’étude. Le Plan de Convergence vise à mobiliser un soutien politique, institutionnel, financier et technique pour résoudre les problèmes forestiers transfrontaliers dans les quinze États membres de la Cedeao.
ODL/te/APA