Une délégation gouvernementale conduite par le ministre chargé de la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger, le Colonel-Major Ismaël Wagué est arrivée, ce vendredi 12 mai à Kidal.
Une rencontre a été organisée avec entre la délégation et les mouvements armés signataires de l’Accord regroupés autour d’une plateforme dénommé Cadre Stratégique Permanent pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP-PSD) afin de relancer le processus de paix, bloqué depuis plusieurs mois.
Ce déplacement du ministre de la réconciliation à Kidal sous contrôle des ex-rebelles vise à briser la glace entre les parties signataires de l’Accord de paix de 2015. Il s’agit d’une démarche visant à favoriser la tenue du référendum du 18 juin prochain dans toutes les régions du pays, y compris celles sous le contrôle des ex-rebelles.
C’est la toute première fois que les parties signataires de l’Accord se rencontrent pour échanger sur le processus de paix après plusieurs mois de rupture du dialogue.
La dernière fois que le Comité de Suivi de l’Accord regroupant toutes les parties s’était réuni remonte au mois de novembre dernier lors de la 47e session du genre qui a même été écourtée en l’absence du ministre Wagué représenté par le Secrétaire général de son département. Cette situation a été suivie par la décision des mouvements armés en décembre 2022 suspendant leur participation à tous les mécanismes de mise en œuvre de l’Accord.
Ils ont conditionné la levée de cette suspension à la tenue d’ « une réunion d’urgence » sur un « terrain neutre » avec la Médiation internationale afin d’évaluer la mise en œuvre de l’Accord huit ans après sa signature. En réaction, les autorités ont suspendu depuis le début de l’année les indemnités versées aux représentants des mouvements armés dans les différents organes de mise en œuvre de l’Accord.
Garantie de participation au référendum
Pire, à plusieurs reprises, on a frôlé une reprise des hostilités entre parties signataires de l’Accord. Par ailleurs, on se souvient aussi que les mouvements avaient refusé de participer à la commission de finalisation de la rédaction du projet de nouvelle Constitution. Même après la validation du projet par le président de la République, ils ont refusé de le reconnaître s’indignant du fait que leurs préoccupations n’ont pas été prises en compte par ledit document. C’est dans cette atmosphère que le gouvernement a annoncé récemment la tenue du référendum le 18 juin prochain alors qu’il était initialement prévu le 19 mars dernier.
C’est donc dans le but de les amener à participer à cette échéance notamment dans les localités sous leur contrôle que le gouvernement a repris langue avec les mouvements armés. D’où la tenue de cette rencontre de Kidal ce vendredi 12 mai.
Pour autant, rien n’est acquis à l’avance dans la mesure où les mouvements armés sans appeler à voter non ont clairement montré que le projet de Constitution ne les engage pas.
Absence de résultat par la Médiation internationale
A noter également dans ce contexte que depuis quelques mois, la Médiation internationale dont l’Algérie assure le rôle du chef de file multiplie les initiatives afin de relancer le débat autour de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger sans y parvenir. Malgré leur engagement à l’appliquer depuis leur arrivée au pouvoir à la faveur du renversement de l’ancien régime en août 2020, l’Accord n’a pu enregistrer que quelques maigres avancées huit ans après sa signature.
D’aucuns trouvent aussi que les autorités jouent au clair-obscur concernant la mise en œuvre de ce document rejeté par une partie de l’opinion craignant la partition du pays. C’est ainsi que des termes comme « mise en œuvre intelligente, relecture ou révision » ont émergé sans y donner le contenu qu’il faut.
D’où la nécessité de la tenue d’un débat de fond sur l’avenir de cet Accord. Le statu quo actuel ne bénéficie qu’aux terroristes qui ne cessent d’accroître leur influence sur plusieurs régions du pays profitant de l’absence de dialogue entre les parties signataires de l’Accord.
MD/APA