Le projet de Constitution n’est pas encore promulgué par le président de la Transition, le Colonel Assimi Goita.
Mardi 7 mars dernier, la Ligue Malienne des Imams et Érudits pour la Solidarité islamique au Mali (Limama) a organisé une conférence de presse au cours de laquelle elle a annoncé son rejet du terme « laïcité » utilisée dans la nouvelle Constitution remise au président de la transition, le 27 février dernier. L’organisation a exhorté « tous les musulmans patriotes à voter contre le projet de constitution sous sa forme actuelle lors du référendum » initialement prévu le 19 mars prochain.
Le 10 janvier dernier, après avoir pris connaissance du contenu de l’avant-projet de Constitution remis au président de la Transition, en octobre dernier, LIMAMA avait demandé « le retrait pur et simple du mot de la laïcité sous toutes ses formes de l’avant-projet de constitution, tout en le remplaçant par l’Etat multiconfessionnel ». Pour les Imams, cette expression constitue « le vrai point de départ de la refondation de l’État du Mali ». Ils ont déploré le fait que leur demande ait été ignorée par la commission de finalisation du projet de nouvelle constitution remis au chef de l’Etat, en février dernier.
Le projet de nouvelle Constitution remis au chef de l’Etat indique dans son article 30 que : « le Mali est une République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale ». Le texte explique dans l’article 32 que : « la laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Elle a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle. L’Etat garantit le respect de toutes les religions, des croyances, la liberté de conscience et le libre exercice des cultes dans le respect de la loi ».
Cependant, cette approche ne semble pas être partagée par les Imams. A leurs yeux, « la laïcité est une astuce que les gouvernants utilisent à leur guise pour cadenasser la ou les religions », relevant que « cette pratique a été usitée tant par le pouvoir colonial que par tous les régimes de l’ère d’indépendance qui ont gouverné notre pays ».
Incertitudes autour du respect du calendrier électoral défini par la Transition
A côté de la non-promulgation du texte, peut être ajouté le retard accusé par l’ouverture de la campagne censée demarer le vendredi 3 mars dernier. En plus, la convocation du collège électoral prévue 45 jours avant le scrutin, n’est toujours pas effective. Sans compter le fait que la nouvelle carte biométrique devant également servir de carte d’électeur, n’a toujours pas été distribuée à grande échelle. A ces facteurs s’ajoute la non-opérationnalisation des démembrements de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE) – le nouvel organe chargé de la gestion du processus électoral – qui devaient être installés six mois avant le début du scrutin.
A partir de là, il sera difficile de respecter la tenue des différents scrutins prévus en 2023, alors que l’aboutissement de tout ce processus devait être la présidentielle de février 2024 censée marquer la transmission du pouvoir aux civils et le retour à l’ordre constitutionnel. Le non-respect de ces délais pourrait entrainer de nouvelles sanctions de la part de certaines organisations dont le Mali est membre comme la Cédéao.
MD/ac/APA