En cas de victoire aux élections locales de ce dimanche, l’opposition espère renforcer ses chances pour la présidentielle de 2024.
Au Sénégal, l’alternance au sommet de l’Etat se joue souvent au niveau local. En 2009, l’opposition à l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012) avait réussi le pari de s’imposer dans de nombreuses municipalités. Des résultats prémonitoires de la défaite du pape du Sopi (changement, en langue wolof) au second tour de l’élection présidentielle organisée trois ans plus tard.
Pour Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall, c’est la voie à suivre pour espérer s’installer au palais de la République à l’issue de la prochaine élection présidentielle prévue en 2024. Si les Sénégalais veulent que le pouvoir change prochainement de main, estime-t-il, il faut qu’ils assurent une victoire éclatante à l’opposition au soir du 23 janvier 2022.
A en croire l’ancien Inspecteur des Impôts et Domaines, si au sortir de ces joutes, « Macky Sall gagne, il fera un dixième mandat à la place d’un troisième mandat. Et si Kolda (région du Sud) veut envoyer Sonko au palais de la République, ça doit passer par 2022 ». L’opposant s’exprimait ainsi dans la deuxième grande ville du Sud où il était parti apporter son soutien aux candidats de l’opposition qui briguent les différentes municipalités de la région.
Pour le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), une victoire de l’opposition à ces élections locales la mettrait en ballottage favorable pour les prochaines joutes électorales dont la prochaine présidentielle.
Conserver Dakar et gagner les autres grandes villes
Depuis son accession au pouvoir en 2012, la capitale sénégalaise échappe au chef de l’État actuel. Pour la mettre dans son giron, il a porté son choix sur son ministre de la Santé et de l’Action sociale et maire de la commune de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr. Ce dernier jouit d’une certaine notoriété auprès des Lebous, habitants historiques de la région de Dakar dont il est lui-même issu.
Il ne fait cependant pas l’unanimité au sein de son propre camp. Parmi ses adversaires, figure le chef de cabinet du président de la République, Mame Mbaye Niang. Avec sa liste « Dakar Horizon 2035 », il fait partie des quatre candidats que devra battre Diouf Sarr pour devenir l’édile de la capitale.
Pour l’opposition qui règne sur Dakar depuis 2009, pas question de perdre la presqu’île du Cap Vert (Nom administratif de la région de Dakar). Et pour y arriver, la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple en Ouolof, langue dominante au Sénégal), a jeté son dévolu sur le bouillant Barthélémy Dias au détriment de la maire sortante Soham El Wardini. Elle est arrivée à la tête de la ville à la suite des déboires judiciaires de l’ancien maire Khalifa Sall. Malgré tout, Soham El Wardini mène seule sa barque pour obtenir un second mandat sous la bannière de la coalition Union citoyenne/Bunt Bi.
Pape Diop, leader de Bokk Guiss Guiss (partager la même vision), et Doudou Wade, candidat de la coalition Wallu Askan Wi (Sauver le peuple) du Parti démocratique sénégalais (Pds), visent également le fauteuil de maire.
Le premier veut retrouver le siège qu’il a occupé entre 2002 et 2009, alors que le second brigue pour la première fois le suffrage des Dakarois.
Ziguinchor, l’autre grande convoitise
Dans le Sud du pays, la question que tout le monde se pose est : qui s’emparera de la capitale de la Casamance ? Ziguinchor est très convoitée. Trois hommes y sont en lice : le maire sortant Abdoulaye Baldé, le candidat désigné du président Macky Sall, Benoît Sambou, et le leader de Pastef Ousmane Sonko. Selon plusieurs observateurs, tous les trois prétendants jouent leur avenir politique au même titre que les autres ministres engagés dans la course.
Pour le premier scrutin local auquel son parti participe, Ousmane Sonko sait qu’il a une obligation de résultats. Fort de son statut de principal opposant du pays et adulé dans sa région d’origine, il part avec la faveur des pronostics. A la dernière élection présidentielle, Sonko avait obtenu 15,67 % des voix voix, se plaçant troisième juste après le président Macky Sall et l’ancien premier ministre Idrissa Seck. Un exploit pour celui qui était alors un novice en politique.
En cas de victoire dimanche, il s’ouvrirait davantage le champ des possibles en 2024. Pour ses principaux adversaires à Ziguinchor, un revers serait synonyme de descente aux enfers.
Abdoulaye Baldé a claqué la porte de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar à la fin de 2021 lorsque Macky Sall lui a préféré Benoît Sambou. Cette décision l’a poussé à créer sa propre coalition au sein de laquelle on retrouve d’autres dissidents du pouvoir comme Doudou Kâ, le Directeur Général de l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass (AIBD), un temps pressenti pour être investi par la coalition présidentielle.
En misant sur l’ancien ministre Benoît Sambou, qui avait perdu en 2014 face au maire sortant, le président Macky Sall joue gros. Sa position est menacée un peu partout avec des listes parallèles, notamment dans la grande ville du Nord, Saint-Louis, où son beau-frère, Mansour Faye, fait face à son ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane.
Les 6.613.962 électeurs inscrits sur le fichier électoral vont départager les 3149 listes qui prennent part à ces scrutins municipaux et départementaux.
ARD/te/cgd/APA