Sans surprise, la présidentielle libyenne est reportée faute de candidats officiellement désignés et de campagne électorale préalable.
Le Parlement libyen a acté hier le report du scrutin qui devait se tenir ce 24 décembre 2021 à cause des « désaccords entre candidats ». La Haute Commission nationale électorale (HNEC) n’avait pas publié la liste définitive des candidats qui devait participer à cette présidentielle. Une étape cruciale pour l’organe électorale en raison des divergences entre camps rivaux incapable de s’entendre sur l’adoption d’une loi électorale consensuelle.
Face à ce blocage, la loi électorale a été finalement ratifiée par le président du Parlement Aguila Salah Issa, lui-même candidat à cette présidentielle et accusé d’être de connivence avec le maréchal Khalifa Haftar. Face aux risques de troubles, la Commission électorale a demandé un report jusqu’au 24 janvier 2022 du scrutin parrainé par les Nations unies et qui doit en principe parachever la réconciliation entre factions rivales.
Mais plusieurs observateurs avertis de la crise libyenne estiment que cette date n’est pas réaliste. En coulisse, il se murmure qu’un nouveau gouvernement et un nouveau conseil présidentiel sont en gestation. La mise en place de ces deux institutions entraînerait de facto le report de la présidentielle censée ramener la démocratie dans ce pays.
Outre Aguila Salah Issa, les principales têtes d’affiche de cette présidentielle sont le maréchal Haftar, le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah et Seif al-Islam, fils de l’ancien président Mouammar Kadhafi.
Depuis la chute de Kadhafi en 2011, plusieurs groupes armés contrôlent la Libye, quatrième pays le plus vaste d’Afrique (1.759.540 km2) et seizième dans le monde. A l’Est du pays, le maréchal Haftar, ancien cadre militaire déchu du régime de Kadhafi s’est imposé comme l’homme clé du conflit.
A l’Est du pays, des milices tribales et les groupes jihadistes dont la plus menaçante Ansar Al charia contrôlant des quartiers entiers de Benghazi, Syrte et Derna.
Au sud du pays où la situation est plus préoccupante, les groupes jihadistes imposent leur loi face à l’absence totale de l’Etat. Cette partie de la Libye frontalière avec l’Algérie, le Tchad et le Niger abrite des camps jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui servent de bases arrière pour les groupes opérant dans toute la région sahélo-saharienne.
CD/APA