L’Egypte et l’Ethiopie ont souligné l’importance de surmonter les obstacles dans les négociations sur le barrage de la « Renaissance » afin de parvenir à un accord qui réponde aux aspirations des peuples des trois pays concernés à savoir, l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie, dans le cadre de la Déclaration de principes qu’ils ont signée.
Par Mohamed Fayed
Cet engagement a été exprimé lors d’une conversation téléphonique, samedi, entre le chef de l’Etat égyptien, Abdelfattah Al-Sisi et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
Les négociations sont en cours entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan à propos du très controversé barrage de la Grande Renaissance, construit par Addis-Abeba sur le Nil Bleu. Ce chantier titanesque doit générer 6.500 mégawatts d’électricité, mais des tensions sont de nouveau apparues ces dernières semaines.
Mi-septembre, des ministres des trois parties s’étaient rencontrés pour un sommet inédit depuis plus d’un an, mais le dialogue avait échoué. Les pourparlers avaient buté notamment sur la durée de remplissage du barrage. Le Caire veut qu’il s’étale sur sept ans, pour ne pas être pénalisé par une opération trop rapide et brutale. Les Égyptiens, dont 90% de leurs réserves en eau viennent du Nil, ont également exigé un minimum de 40 milliards de m3 par an et que des ingénieurs égyptiens soient présents sur le chantier.
L’Éthiopie a mal réagi. Son ministre de l’Eau a dénoncé des propositions « inappropriées », « non respectueuses des accords en vigueur ». Sileshi Bekele a même parlé d’un viol de souveraineté. En effet, Addis-Abeba souhaite remplir son barrage en trois à cinq ans, selon les sources. Le pays estime avoir perdu assez de temps avec ce chantier qui a déjà pris cinq années de retard. Pour accélérer le rythme, en août les autorités ont remplacé Metec, le conglomérat d’État en charge du projet, par un groupe d’entreprises chinoises, françaises et italiennes.
Aujourd’hui, les travaux sont achevés à 70%. Les ingénieurs disent pouvoir commencer à remplir dès l’an prochain.
Devant l’ONU, le président Abdel Fatah Al-Sissi a déclaré que l’eau du fleuve était une question de survie pour les Égyptiens. Il a appelé la communauté internationale à jouer un rôle constructif. Washington a d’ailleurs reconnu le droit au développement de chaque nation. Mais les Américains ont demandé à chacun de négocier de bonne foi pour un accord équitable.
Par ailleurs et lors de cet entretien téléphonique, le Premier ministre éthiopien a exprimé ses remerciements et sa gratitude au président Al-Sisi et à l’Égypte pour l’avoir félicité après sa consécration en tant prix Nobel de la paix pour l’année 2019.
Pour rappel, le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Artisan d’une réconciliation spectaculaire de son pays avec l’Erythrée, il comptait parmi les favoris.
« Le Comité Nobel norvégien a décidé d’attribuer le Prix Nobel de la paix 2019 au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali pour ses efforts en faveur de la paix et de la coopération internationale, et en particulier pour son initiative décisive visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Érythrée voisin », a déclaré l’organisation norvégienne.
« Le prix vise également à reconnaître l’ensemble des acteurs œuvrant pour la paix et la réconciliation en Éthiopie et dans les régions de l’Afrique de l’Est et du Nord-Est. »
Le Premier ministre éthiopien a, entre autres, mis fin à l’état d’urgence, libéré des prisonniers politiques, obtenu du Parlement la levée de l’interdiction des groupes d’opposition et s’est engagé à faciliter les investissements étrangers dans les secteurs clés de l’économie.
HA/APA