La ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Mariatou Koné, veut imprimer une qualité d’enseignement dans les établissements scolaires privés, qui accueillent plus de 50% des élèves à travers le pays.
Pour un meilleur suivi de l’environnement pédagogique des établissements scolaires privés, la Commission nationale de la carte scolaire de l’enseignement privé (CNCSEP), a organisé ce mardi 21 mai 2024, un atelier à Assinie, une station balnéaire située dans le Sud-est ivoirien.
« Un pays qui a plus de 50% de ses enfants dans les mains de promoteurs privés, nous devons faire très attention », a déclaré Mariatou Koné qui veut porter l’enseignement dans les établissements scolaires privés vers l’excellence.
Elle a fait observer qu’ « il y a des promoteurs d’établissements qui prennent juste des individus pour dire que j’ai quelqu’un qui donne la formation aux élèves, sans se soucier du niveau même de celui qui est en train de donner la formation ».
Dans un langage franc, la ministre de l’Education nationale a martelé qu’ « il y en a, qui sont tellement portés vers l’argent au détriment des élèves. Ils engagent des individus pour donner de la formation (et) on les paie sur un certain nombre de mois ».
« Il faut être soucieux de la qualité des ressources humaines également parce que quelqu’un qu’on arrête de payer au mois de mai, comment va-t-il survivre jusqu’au mois de septembre, à la rentrée prochaine ? », s’est-elle interrogée.
« Et vous comprenez parfois que pendant les examens, surtout au moment de l’oral, quand ce sont des enseignants de certains établissements scolaires privés qui sont retenus, ils font du marchandage (et) on donne une note qui n’est pas la valeur réelle de l’élève », a-t-elle poursuivi.
Pour elle, le traitement qu’on donne aux enseignants recrutés est « très important », laissant entendre que « vous ne savez pas le nombre de plaintes que nous recevons d’enseignants ou des personnels (qui disent) Madame la ministre, au secours ».
« Il faut qu’on mette de l’ordre dans ce secteur », s’est-elle voulue ferme, avant de rappeler que « comme pour le secteur public, il est important pour nous de rationaliser l’implantation et le développement des infrastructures scolaires privées ».
Le professeur Mariatou Koné veut des établissements scolaires privés répondant aux normes et aux conditions qui sont exigées par l’Etat de Côte d’Ivoire, à travers le ministère de l’Éducation nationale de l’alphabétisation.
Chaque année, dira-t-elle, ce sont des milliers de promoteurs qui sollicitent l’Etat en vue d’obtenir les différents agréments nécessaires. Toutefois, « les besoins qui sont exprimés en matière d’offres éducatives doivent être comblés par l’effort conjugué de tous les acteurs, y compris ceux du privé ».
« L’école n’est pas un lieu de commerce où on vient pour faire du profit en outrance. Ce n’est pas une boutique où on s’en va acheter de l’eau, de la sardine, du pain. L’école c’est l’endroit où on forme l’élite, les cadres, où on doit donner le meilleur de soi », a-t-elle soutenu.
Elle s’est, par ailleurs, félicitée de ce que « la marchandisation qu’on constatait est en voie de disparition ». Et d’ajouter, cette évaluation marque « un tournant décisif dans notre quête, de la qualité, de la performance pour le meilleur rendement de nos enseignants et de nos élèves ».
L’année précédente, à l’ouverture des classes, « on a constaté qu’il y avait seulement 21,98% des demandes qui avaient obtenu un avis favorable du jury de la commission. Les gens se sont plaints, (mais) ce n’est pas être sévère que de préserver la qualité de l’enseignement », a relevé Mariatou Koné.
Selon elle, « plusieurs raisons étaient liées à cela, notamment le non-respect des critères établis par le ministère de l’Éducation nationale. On peut citer le non-respect des dimensions de salle », l’absence de laboratoires et de bibliothèque, le manque d’enseignants et de personnels d’encadrement qualifiés.
« Chaque année, je signe moi-même la liste des enseignants qui sont autorisés à enseigner dans les établissements privés, et quand on finit de signer, on met ça de côté et on s’en va prendre quelqu’un d’autre qui n’a pas le niveau. Est-ce que c’est normal ? », a-t-elle lancé.
« Désormais, tous les établissements, avant autorisation doivent disposer d’une clôture », de matériels scientifiques et didactiques et respecter le quota d’enseignants requis, a souligné la ministre ivoirienne de l’Education nationale.
AP/APA