Les autorités tunisiennes ont été vertement critiquées après les propos polémiques du président Kaïs Saïed sur la migration des noirs.
Sous le feu des projecteurs depuis quelques semaines, la Tunisie est accusée de pays « raciste » par plusieurs ressortissants d’Afrique subsaharienne qui ont demandé à leurs gouvernements de les rapatrier. Après la Guinée, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, le Sénégal est l’un des derniers pays d’Afrique de l’ouest à organiser le retour de ses fils et filles qui craignaient pour leur vie.
« Sur instructions du chef de l’Etat (Macky Sall), le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a procédé, ce jeudi 16 mars 2023, au rapatriement de 76 Sénégalais, sur les 172 initialement inscrits, qui étaient établis en Tunisie et en Libye », a expliqué ledit ministère dans un communiqué, précisant que « ces compatriotes, qui ont décidé de rentrer au Sénégal sur une base volontaire, ont été transportés par la compagnie nationale Air Sénégal ».
« Ils ont été pris en charge, à leur arrivée à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), par les services compétents de l’Etat, conformément aux procédures habituelles mises en place dans de pareilles situations », a assuré le département ministériel dirigé par Aissata Tall Sall, avant de « remercier les autorités tunisiennes et libyennes pour leur coopération qui a facilité la bonne exécution de cette opération ».
Ces derniers jours, les autorités tunisiennes ont été vertement critiquées après les propos du président Kaïs Saïed, en février, sur un supposé projet de « changer la composition démographique de la Tunisie » pour en faire un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ».
L’ampleur de ses propos a provoqué une vague d’indignation et de protestations, écornant sensiblement l’image de ce pays du Maghreb dont le premier président (1957 – 1987), Habib Bourguiba, porte pourtant le nom de nombre d’édifices et rues sur le continent. Le président de la Commission de l’Union africaine (CUA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a notamment condamné les propos du chef de l’Etat tunisien, appelant les États membres de l’organisation à « s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste ».
L’équipe nationale du Sénégal des moins de 20 ans, affrontant lundi 6 mars la Tunisie en demi-finale de cette compétition organisée en Egypte et finalement remportée par les Lionceaux, a surclassé sur un score de trois buts à zéro son homologue tunisien. Mais l’image qui a le plus retenu l’attention des spectateurs est la célébration d’un des buts des jeunes sénégalais, courant vers les caméras tout en désignant leur couleur de peau noire.
Le président Kaïs Saïed a tenté de se rattraper en recevant le 8 mars à Tunis, à l’occasion d’une escale, son homologue bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, actuellement président en exercice en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il a profité de cette rencontre pour revendiquer longuement son africanité et celle de son pays.
Deux jours plus tard, l’universitaire spécialiste de droit constitutionnel, arrivé en octobre 2019 au pouvoir tunisien avec un score de 72,7%, s’est entretenu au téléphone avec le Sénégalais Macky Sall, ancien président en exercice de l’UA, qui a « apprécié les mesures d’apaisement qu’il a prises dans le contexte de la situation actuelle ».
ODL/ac/APA