Signée le 27 mars 1964 à Dakar, la Convention d’établissement entre le Sénégal et le Maroc constitue un acte fondateur consacrant une relation exceptionnelle entre les deux nations.
Soixante ans après sa signature, la Convention d’établissement entre le Sénégal et le Maroc est peu connue par les jeunes générations, bien qu’elle est à la base d’une coopération exemplaire entre les deux nations.
Diplomates, juristes, universitaires et anciens étudiants formés au Maroc se sont réunis, vendredi à Dakar, sous l’égide du Think tank Timbuktu Institute, pour revisiter cet accord historique, témoignage d’une fraternité indéfectible et d’un modèle de collaboration Sud-Sud toujours d’actualité.
« Aujourd’hui, nous célébrons un acte fondateur qui consacre la fraternité entre nos deux pays », a déclaré Hassan Naciri, ambassadeur du Maroc au Sénégal. Cette convention, signée sous l’impulsion du roi Hassan II et du président Léopold Sédar Senghor, « demeure un symbole vivant d’une fraternité sincère, solidaire et indéfectible », a-t-il souligné, ajoutant que « nos deux pays avaient pris les devants » bien avant la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Cette convention accorde un statut particulier aux ressortissants des deux nations, notamment en matière d’intégration économique et professionnelle. Elle garantit également une facilité de circulation des biens et des personnes et un accès aux emplois publics et privés pour les Marocains vivant au Sénégal, et vice versa.
Ce texte, bien que sous-exploité, « incarne un modèle unique de coopération, un modèle dont l’Afrique rêve », a poursuivi M. Naciri, en exprimant la volonté commune de Rabat et Dakar de renforcer leurs liens pour inspirer d’autres pays du continent.
Dr Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute, a souligné l’importance historique et stratégique de cette relation marquée « par la conscience d’une communauté de destin ».
« Aucun pays ne peut relever seul les défis actuels. Il est crucial de valoriser les modèles de coopération durable comme celui qui unit le Maroc et le Sénégal », a indiqué l’enseignant sénégalais à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), notant que l’axe Rabat-Dakar constitue « l’espoir du renouveau africain ».
Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Me Aly Fall a exprimé sa surprise en découvrant l’existence de cette convention, insistant sur son importance : « Cette convention devrait être, au-delà de l’Afrique, un exemple pour beaucoup de pays. Elle mérite d’être vulgarisée car elle offre, entre autres, la liberté égale d’établissement et d’investissement, tout en évitant la double imposition ».
De son côté, Me Khaled Abou El Houda, avocat sénégalais-marocain, a mis en avant les aspects les plus significatifs du texte.
« Cette convention garantit une liberté de circulation des capitaux et des biens, et ne peut être contredite par des conventions ou traités ultérieurs. Il est essentiel de sensibiliser les administrations de nos deux pays sur ces dispositions », fait-il remarquer.
Ancien ministre des Affaires étrangères, Ismaïla Madior Fall a insisté sur la nécessité d’une évaluation scientifique de ce texte, en tenant compte des nouveaux engagements du Sénégal, notamment dans le cadre de la ZLECAf.
« Ce texte est un modèle qui renforce la profondeur des liens entre nos deux pays. Il faut mesurer son effectivité et l’articuler avec les nouvelles réalités économiques et juridiques », a préconisé le professeur titulaire de droit public.
ODL/ac/Sf/APA