Obtenir deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies, renforcer la sécurité régionale et libérer le potentiel économique du continent : les promesses des trois candidats à la présidence de la Commission de l’Union africaine (CUA) sont flatteuses comme leurs parcours impressionnants.
Le sommet de l’Union africaine (UA), prévu les 15 et 16 février à Addis-Abeba, en Éthiopie, sera marqué par l’élection du nouveau président de la Commission de l’Union africaine (CUA). Pour succéder au Tchadien Moussa Faki Mahamat, dont le mandat arrive à terme, trois candidats principaux se distinguent : Raila Odinga du Kenya, Mahamoud Ali Youssouf de Djibouti et Richard Randriamandrato de Madagascar. Chacun apporte une vision distincte pour l’avenir du continent.
Raila Odinga, le favori engagé pour une Afrique forte sur la scène international
Raila Odinga, figure politique kényane de premier plan et opposant historique, est considéré comme le favori dans cette course. À 80 ans, il a mené une campagne dynamique, rencontrant de nombreux chefs d’État et décideurs africains pour promouvoir sa vision. Lors d’un débat télévisé le 13 décembre dernier, Odinga a réitéré son engagement à obtenir deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU, assortis d’un droit de veto. Il a souligné que cette représentation est cruciale pour garantir l’équité dans les décisions internationales, notamment face à la surreprésentation de l’Europe, qui dispose de trois sièges permanents.
« Il est inacceptable que ce continent de 1,4 milliard d’habitants soit exclu des décisions mondiales majeures », a-t-il déclaré, rappelant que l’Afrique mérite une voix plus forte dans les affaires globales. Odinga a également évoqué la possibilité de se représenter à la présidence kényane en 2027, malgré le soutien actuel du président William Ruto à sa candidature à la CUA.
Mahamoud Ali Youssouf, un plaidoyer pour la sécurité et l’unité africaine
Le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, 59 ans, ancien ministre des Affaires étrangères, mise quant à lui sur le renforcement de la sécurité régionale et la promotion de l’unité continentale. Conscient des défis posés par le terrorisme et les conflits civils dans plusieurs régions d’Afrique, Youssouf estime que le continent doit prendre en main son propre agenda de paix et de sécurité. Il critique l’approche réactive du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, appelant à une réforme profonde pour en faire un organe proactif. Plusieurs régions d’Afrique sont en proie à des crises sécuritaires. Le Sahel fait face à une insurrection jihadiste persistante, tandis qu’en RDC, la situation continue de se détériorer sous l’effet des violences liées à la rébellion du M23 et aux attaques des ADF, affiliés à l’État islamique dans l’est du pays. Plus au nord, la guerre au Soudan demeure sans issue.
Face à ce constat, il estime que « notre Conseil de paix et de sécurité n’est pas proactif. Il réagit aux crises lorsqu’elles se produisent. Il faut que cela change ». Youssouf plaide pour un renforcement des capacités des forces africaines, afin qu’elles puissent intervenir de manière plus efficace et autonome, sans dépendre excessivement de l’aide extérieure, qui selon lui, a souvent entravé les progrès durables.
Richard Randriamandrato, une vision économique novatrice
Richard Randriamandrato, 65 ans, ancien ministre des Affaires étrangères de Madagascar, apporte une perspective économique à cette élection. Économiste et financier de formation, il propose une vision novatrice pour libérer le potentiel économique de l’Afrique. Il s’engage à accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), qui tarde à produire des résultats concrets. Randriamandrato prône une libéralisation progressive du commerce intra-africain pour stimuler une croissance économique inclusive.
« Tout d’abord, pour développer l’économie au niveau continental, nous devons développer le commerce par le biais de la libéralisation », a-t-il déclaré. Il met également l’accent sur l’intégration économique régionale, un pilier essentiel pour renforcer la résilience et la compétitivité de l’Afrique sur la scène mondiale. Son engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme a été mis en lumière en octobre 2022, lorsqu’il a été limogé pour avoir voté une résolution de l’ONU condamnant les annexions russes en Ukraine.
Un choix crucial pour l’avenir de l’Afrique
L’élection du prochain président de la CUA intervient à un moment critique pour l’Afrique, confrontée à des défis multiples : insécurité, crises politiques, retard économique et marginalisation sur la scène internationale. Les trois candidats incarnent des approches différentes mais complémentaires pour relever ces défis. Odinga mise sur une voix plus forte de l’Afrique dans les instances internationales, Youssouf sur la sécurité et l’unité, tandis que Randriamandrato privilégie l’intégration économique.
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