Dans un entretien exclusif accordé au média américain, le Washington Post, le premier ministre nigérien est revenu sur les raisons de la rupture de coopération militaire entre Niamey et Washington.
Le chef du gouvernement de Transition, Ali Mahaman Lamine Zeine a accusé Molly Phee, la plus haute responsable du Département d’État chargée des affaires africaines, d’être à l’origine du divorce entre le Niger et les Etats-unis.
Il a expliqué qu’au cours de sa visite à Niamey en mars 2024, Molly Phee, a menacé de sanctionner le Niger s’il collabore avec l’Iran et la Russie.
M. Zeine qui a dirigé les négociations avec les États-Unis a dit lui avoir répondu : « Premièrement, vous êtes venus ici pour nous menacer dans notre pays. C’est inacceptable. Et vous êtes venus ici pour nous dire avec qui nous pouvons avoir des relations, ce qui est également inacceptable. Et vous avez tout fait avec un ton condescendant et un manque de respect ».
Toutefois, les remarques de Molly ont « particulièrement offensé » les autorités nigériennes, selon le Premier ministre.
Déjà les relations entre les deux pays étaient particulièrement tendues, du fait que les Etats-Unis ont condamné le coup d’Etat de juillet 2023, réclamé la libération de Mohammed Bazoum et suspendu leur coopération militaire.
Toutefois, Washington a maintenu ses militaires en place, limitant leurs activités à la sécurité des troupes américaines.
« Les Américains sont restés sur notre sol, ne faisant rien pendant que les terroristes tuaient des gens et incendiaient des villes (…). Ce n’est pas un signe d’amitié de venir sur notre sol mais de laisser les terroristes nous attaquer. Nous avons vu ce que les États-Unis feront pour défendre leurs alliés, car nous avons vu l’Ukraine et Israël.», a affirmé Ali Mahaman Lamine Zeine.
Pour le chef du gouvernement nigérien, la réaction américaine à la suite du coup d’État au Niger contraste fortement avec celle d’autres pays, notamment la Russie, la Turquie et les Émirats arabes unis.
Ces pays ont accueilli les nouveaux dirigeants nigériens à « bras ouverts », a-t-il ajouté, alors que les Nigériens considéraient les Américains comme des « amis » qui les aideraient « cette fois à anéantir les terroristes ». « Mais il y a eu un silence radio », s’est désolé M. Zeine.
Il a ajouté que le Niger n’aurait pas demandé de l’aide à la Russie et à d’autres pays si les États-Unis avaient répondu aux demandes de soutien supplémentaire, notamment en matière d’avions, de drones et d’un système de défense aérienne.
Les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées. En mars 2024, le Niger a demandé le départ de plus de 1000 soldats américains stationnés à Agadez. Les Etats-unis ont accédé à la demande et négocié pour que ce processus débute dans les « mois à venir ».
Pour le premier ministre, le départ de l’armée américaine n’empeche pas la poursuite des relations économiques et diplomatiques avec les États-Unis.
« Aucun Nigérien ne considère les États-Unis comme un ennemi (…). Si des investisseurs américains arrivaient, nous leur donnerions ce qu’ils veulent (…). Nous avons de l’uranium. Nous avons du pétrole. Nous avons du lithium. Venez investir. C’est tout ce que nous voulons », a conclu M Zeine.
DS/ac/APA