Cette semaine, des rumeurs sensationnelles ont circulé sur les réseaux sociaux, affirmant que l’Afrique du Sud aurait réagi à la décision du président américain Donald Trump de suspendre l’aide financière en fermant des entreprises américaines et en stoppant les exportations de minéraux vers les États-Unis.
L’information s’est rapidement répandue quant à la possibilité de réactions sud-africaines à la suspension des aides par Washington, alimentant spéculations et débats. Cependant, aucune déclaration officielle ni preuve tangible n’a confirmé ces affirmations, ce qui les rend totalement infondées.
Mais si elles étaient véridiques ? Quelles pourraient être les répercussions économiques, politiques et diplomatiques d’une telle réponse ?
L’Afrique du Sud, ou tout autre pays africain, serait-elle en mesure de suspendre les activités commerciales américaines ? Et comment Washington réagirait-il ?
Les États-Unis jouent un rôle clé dans l’économie sud-africaine, avec de nombreuses entreprises américaines générant des milliards de bénéfices annuels grâce à leurs opérations locales.
Des sociétés comme Ford, Coca-Cola, McDonald’s, ainsi que des géants technologiques comme Microsoft et Google, ont des investissements considérables en Afrique du Sud. Ces entreprises créent des milliers d’emplois et apportent une contribution significative à l’économie sud-africaine.
« La fermeture des entreprises américaines provoquerait des licenciements massifs, perturberait les chaînes d’approvisionnement et engendrerait une panique parmi les investisseurs », a expliqué vendredi à APA l’analyste politique Donald Porusingazi.
L’Afrique du Sud, déjà confrontée à un chômage élevé et une croissance économique en stagnation, souffrirait immédiatement des effets d’une telle décision.
« Pour les États-Unis, l’impact serait également notable, notamment dans les secteurs dépendant des minéraux stratégiques d’Afrique du Sud, tels que le platine, le manganèse et le chrome, qui sont essentiels pour des applications industrielles et technologiques. Un arrêt soudain des exportations obligerait les États-Unis à chercher d’autres fournisseurs, probablement à des coûts plus élevés », a précisé l’analyste.
L’Afrique du Sud détient les plus grandes réserves mondiales d’or, de métaux du groupe du platine, de minerai de chrome et de manganèse, ainsi que les deuxièmes plus grandes réserves de zirconium, de vanadium et de titane.
Porusingazi a averti qu’une telle action ne passerait pas inaperçue à Washington.
« Les États-Unis ont toujours réagi sévèrement face aux restrictions économiques imposées par des gouvernements étrangers, et l’Afrique du Sud pourrait faire face à des sanctions, à la suppression de ses privilèges commerciaux ou même à un isolement diplomatique », dit-il.
Des accords commerciaux comme l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui permet aux exportations sud-africaines d’accéder préférentiellement au marché américain, seraient révoqués.
Cela porterait un coup dur à plusieurs secteurs sud-africains, notamment l’automobile, l’agriculture et le textile, qui dépendent fortement de la demande américaine.
Par ailleurs, les États-Unis pourraient utiliser leur influence au sein des institutions financières internationales, telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, pour faire pression sur l’Afrique du Sud, rendant ainsi plus difficiles les prêts et investissements étrangers.
Cependant, Porusingazi a souligné qu’une telle mesure, bien qu’inédite, pourrait marquer une affirmation audacieuse de l’autonomie africaine dans le commerce mondial et la politique économique.
Selon lui, « Historiquement, les pays africains ont souvent été les victimes des décisions économiques occidentales. Une position de représailles contre les politiques financières américaines remettrait en cause les structures de pouvoir traditionnelles, incitant d’autres nations à repenser leurs dépendances économiques. »
Mais, la réalité demeure que l’interdépendance économique rend ces actions extrêmement risquées pour les deux parties.
« L’Afrique du Sud n’a ni l’échelle économique de la Chine ni de la Russie ; elle ne dispose pas du levier nécessaire pour contrer les retombées potentielles d’une réaction négative des États-Unis », a précisé l’analyste.
Bien que les informations propagées sur les réseaux sociaux soient erronées, le débat qu’elles ont engendré soulève une question fondamentale sur la souveraineté économique de l’Afrique et sa dépendance vis-à-vis des grandes puissances mondiales.
« Ce scénario met-il en lumière la dépendance de l’Afrique vis-à-vis des économies occidentales ? Absolument ; et il souligne la nécessité pour les pays africains de diversifier leurs relations commerciales et de renforcer la résilience économique régionale », répond-il.
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