La présidence angolaise a annoncé, ce lundi, que le chef d’État João Lourenço abandonne son rôle de médiateur dans le conflit opposant la République démocratique du Congo (RDC) au Rwanda, alors même que le groupe rebelle M23 vient d’annoncer un retrait partiel de la ville stratégique de Walikale.
Dans un communiqué officiel, Luanda explique vouloir « se libérer de la responsabilité de médiateur de ce conflit de l’est de la RDC » pour « se consacrer de manière plus large aux priorités générales définies par l’organisation continentale », près de deux mois après avoir pris la présidence tournante de l’Union Africaine.
Ce retrait intervient dans un contexte diplomatique mouvementé, marqué notamment par l’émergence du Qatar comme nouveau facilitateur potentiel. En effet, une rencontre trilatérale s’est tenue le 18 mars à Doha, sous l’égide de l’Émir Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, réunissant les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi.
Retrait rebelle de Walikale
Parallèlement, l’Alliance fleuve Congo (AFC/M23) a annoncé hier son intention de retirer ses forces de la ville de Walikale et des zones environnantes dans la province du Nord-Kivu, « dans le souci de favoriser des conditions propices aux initiatives de paix », selon leur communiqué officiel émis depuis Goma.
Cette annonce s’inscrit dans le cadre du cessez-le-feu unilatéral déclaré par le groupe armé le 22 février 2025, et fait suite à la déclaration conjointe Qatar-RDC-Rwanda du 18 mars.
En réponse, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont déclaré qu’elles « observeront avec vigilance » ce retrait jusqu’à l’est de Kibati, et se sont engagées à s’abstenir d’actions offensives contre les « forces ennemies ».
Échec des négociations de Luanda
La médiation angolaise avait pourtant réussi à obtenir des avancées significatives en décembre 2024, avec un engagement de la RDC à neutraliser les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et une promesse du Rwanda de retirer ses troupes du territoire congolais.
Un sommet prévu le 15 décembre dernier à Luanda n’avait cependant pas pu se tenir « en raison de l’absence du Rwanda », précise le communiqué. Plus récemment, une tentative de négociations directes entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23, prévue le 18 mars à Luanda, a également échoué, notamment en raison du refus du M23 d’y participer suite aux sanctions européennes visant certains de ses dirigeants.
L’Angola déplore des « facteurs externes et étrangers au processus africain en cours » qui auraient contribué à cet échec, dans ce qui pourrait être une allusion à l’initiative qatarie parallèle.
La Commission de l’Union Africaine devrait désigner « dans les prochains jours » un nouveau chef d’État pour reprendre cette médiation, avec le soutien de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est.
Ce développement diplomatique complexe intervient alors que les violences persistent dans l’est de la RDC, région riche en ressources minières où opèrent de nombreux groupes armés depuis près de trois décennies.
AC/te/Sf/APA