Paris a porté la plume sur tous les sujets concernant le Mali au Conseil de sécurité de l’Onu depuis décembre 2012.
Dans une note adressée, le mercredi 1er mars 2023, au président du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), l’ambassadeur du Mozambique, Pedro Comissario Afonso, le gouvernement malien a annoncé sa décision de récuser officiellement le statut de porte-plume de la France sur les questions le concernant. Au cas où cette décision est acceptée, la France ne sera plus en mesure de rédiger les résolutions et déclarations concernant le Mali au sein de cet organe onusien.
Cette décision vient s’ajouter à d’autres que les autorités maliennes ont portées devant le Conseil de sécurité de l’Onu pour protester contre la France. Il s’agit notamment des saisines adressées à cette instance, les 12 janvier et 26 avril 2022 à travers lesquelles les autorités maliennes informaient sur « les actes hostiles notamment la violation de son espace aérien par des aéronefs des forces françaises ». Bamako avait aussi déposé une plainte au Conseil de sécurité, le 15 août dernier, accusant Paris de s’adonner à des « actes d’agression, de violation de l’espace aérien, de subversion et de déstabilisation ». Le Mali est allé même plus loin, en invitant le Conseil de sécurité de tenir une réunion spéciale pour exposer les preuves du soutien que la France a apporté aux terroristes.
« En attendant la réunion spéciale du Conseil de sécurité sollicitée par le Mali, le gouvernement […] récuse officiellement le statut de porte-plume de la France sur toutes questions examinées par le Conseil de sécurité qui le concernent », a indiqué le ministre malien des Affaires étrangères.
La France a porté la plume sur tous les sujets concernant le Mali au Conseil de sécurité depuis décembre 2012, lorsque la situation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest était inscrite à l’agenda du Conseil.
Joint par APA, un diplomate a indiqué que chaque membre du Conseil de sécurité de l’Onu qu’il soit permanent ou non, peut demander la tenue de cette réunion spéciale. Cependant, jusqu’ici, aucun membre permanent même ceux censés être des soutiens des autorités maliennes comme la Russie et la Chine n’ont demandé la tenue de cette réunion. C’est le même cas pour les 10 membres non permanents dont trois sont des Etats africains, à savoir le Gabon, le Ghana et le Mozambique.
La requête du gouvernement malien est une nouvelle étape dans la tension diplomatique opposant le Mali à la France depuis le second coup d’Etat survenu en mai 2021. Une tension marquée par le retrait des troupes françaises du Mali, effectif depuis août 2022, la fin des accords de défense entre les deux pays en mai 2022, l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali en janvier 2022, entre autres.
MD/te/APA