Des députés français ont réclamé mardi 26 novembre la création d’une commission parlementaire pour enquêter sur l’assassinat de dizaines de tirailleurs le 1er décembre 1944 à Thiaroye, au Sénégal.
Alors que le Sénégal s’apprête à commémorer le 80e anniversaire de l’événement tragique de Thiaroye, cinq députés français, parmi lesquels Dieynaba Diop, élue du Parti socialiste (PS) et originaire du Sénégal, ont déposé mardi une proposition de résolution transpartisane à l’Assemblée nationale. Leur objectif est de faire la lumière sur cette affaire entourée de mystère.
« Nous avons présenté ce matin à la presse la proposition de résolution transpartisane que nous déposerons à l’Assemblée nationale afin de demander la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le massacre de Thiaroye au Sénégal du 1er décembre 1944 », a déclaré la députée originaire du Sénégal, soulignant que c’est une « initiative indispensable pour rétablir l’honneur et la dignité des tirailleurs sénégalais assassinés par l’armée française ».
L’élue française a souligné l’importance de cette démarche pour établir la vérité, notant que « face à l’histoire coloniale de notre pays, nous devons cette vérité afin de permettre une mémoire apaisée entre la France et le Sénégal, pour les générations futures ».
Le massacre de Thiaroye demeure l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale française. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, des milliers de soldats africains, regroupés sous l’appellation générique de tirailleurs sénégalais, ont combattu pour la France. Après leur démobilisation, certains furent regroupés au camp militaire de Thiaroye dans l’attente du versement de leurs indemnités. Cependant, le 1er décembre 1944, ces soldats, qui réclamaient leur dû, furent abattus sur ordre d’officiers français. Le nombre exact des victimes reste incertain à ce jour.
Dans une récente déclaration à Radio France Internationale (RFI), l’ancien président français, François Hollande, a qualifié pour la première fois les événements de « massacre ». C’est une étape décisive dans la communication d’une autorité française de son niveau sur cette affaire qu’il estimait être une « répression sanglante » dans une déclaration faite en 2014.
« C’est un massacre puisque ce n’est pas simplement une répression comme on en connaît dans des manifestations qui débordent. Là, il s’agit d’un massacre à la mitrailleuse », a-t-il affirmé.
ODL/te/Sf/APA