Nollywood, la structure chargée de la production cinématographique au Nigeria, a surmonté les obstacles rencontrés à ses débuts pour devenir l’industrie cinématographique la plus prolifique au monde grâce en partie à Internet et au téléphone Smartphone.
Bien que la production de films au Nigeria ait été déjà florissante depuis les années 1960, Nollywood, l’industrie nationale de la vidéo a fait un bond spectaculaire en 1992 avec la sortie du film à suspense « Living in Bondage ». Le film, écrit par Kenneth Nnebue et Okechukwu Ogunjiofor, raconte l’histoire d’un homme d’affaires qui a tué sa femme lors d’un rituel de sacrifices humains qui l’a rendu riche du jour au lendemain, mais qui était ensuite hanté par le fantôme de sa femme. Ce film est devenu du coup, la toute première superproduction nigériane.
Depuis lors, des milliers d’autres films produits ont eu du succès, mais c’est le film « Living in Bondage » qui a suscité le renouveau de l’industrie de la vidéo au niveau national.
Selon l’écrivain nigérian, Steve Omanufeme, après des décennies de faible croissance, Nollywood est aujourd’hui l’une des plus grandes industries cinématographiques au monde en termes de nombre de films produits.
Aujourd’hui, Nollywood se classe au deuxième rang derrière Bollywood (Inde), en termes de nombre de films produits. Nollywood conserve toutefois sa troisième place au classement mondial, avec Hollywood aux Etats-Unis et Bollywood en Inde, occupant respectivement les première et deuxième positions.
L’industrie représente actuellement 853,9 milliards de nairas (environ 3 milliards de dollars), soit 1,42% du PIB du Nigeria. Il emploie plus d’un million de personnes directement ou indirectement. Il est présenté comme la deuxième source d’emplois du pays après l’agriculture.
« Compte tenu de la quantité et de la qualité des films réalisés, les observateurs économiques considèrent que Nollywood est l’un des principaux outils permettant de diversifier l’économie nigériane », a indiqué Steve Omanufeme dans un article publié par le magazine Finances et Développement du FMI.
Nollywood a mûri depuis et adopté la technologie moderne dans la production de ses films. Elle a récemment attiré l’aide étrangère et locale pour développer son secteur. A titre d’exemple, le secteur a connu une explosion en 2018 et les acteurs, ainsi que les producteurs l’ont vite reconnu.
Dans sa revue de l’industrie du divertissement au Nigeria en 2018, Premium Times, une publication nigériane en ligne, a déclaré que 2018 avait été une bonne année pour l’industrie du divertissement dans le pays, en attribuant ces succès à la pénétration croissante du Smartphone et de l’Internet dans le pays.
« Pour Nollywood, il est apparu que des campagnes agressives sur les réseaux sociaux, associées à des liens avec des entreprises, avaient fait l’affaire. Du point de vue des revenus, les chiffres du box-office ont été satisfaisants, mais difficiles à quantifier car, les enregistrements étant entourés de secret », a déclaré la revue.
Selon cette étude, les revenus du secteur des médias et du divertissement au Nigeria ont connu une croissance de 25,5%. Cela correspond à 3,8 milliards de dollars, dont 605 millions pour une augmentation estimée à 764 millions de dollars qui serait attribuable à l’accès à Internet. Ceci est confirmé dans un récent rapport de Pricewaterhouse Coopers (PwC) au Nigeria.
Nollywood, qui est actuellement la troisième industrie cinématographique au monde après Hollywood et Bollywood, tire des revenus de son accès à Internet de l’ordre de 89,6% de cette croissance en valeur absolue.
Le rapport de PwC indique également qu’un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 21,5% est prévu jusqu’en 2022, avec des revenus atteignant 9,9 milliards de dollars pour cette année-là.
Sur la question de la piraterie dans l’industrie, la revue a noté que, même si la loi nigériane de 2004 sur les droits d’auteur érige en infraction la violation de la propriété intellectuelle et le vol, la piraterie est restée une activité florissante au Nigeria.
Le piratage des œuvres créatives nigérianes a été un peu plus dure en 2018, s’étendant en dehors des limites du pays. Il n’y a pas si longtemps, Andy Boyo, grand patron de l’Association des producteurs de films du Nigeria (AMP), a attiré l’attention sur le taux croissant de piratage des films nigérians dans certains pays africains comme le Malawi, la Zambie et la Tanzanie. Il a ajouté que ces activités sont menées par des Nigérians résidant dans ces pays.
Toutefois, Nollywood se félicite de l’achat en 2018 par Netflix du film de Genevieve Nnaji intitulé « Lion Heart » (Cœur de lion). Selon la structure, bien que « Lion Heart » ne soit pas le seul film nigérian répertorié sur la plate-forme américaine de diffusion de films, il s’agit de son premier film original à être acheté par Netflix.
Parmi les autres films de Nollywood diffusés sur Netflix figurent The Wedding Party, Fifty, The Visit, When Love Happens, Road to Yesterday et Dearest Mummy.
Outre les jalons posés en 2018, cette année a enregistré certaines activités qui contribueront à la croissance du secteur cinématographique. En avril dernier, le Conseil national des censeurs du film et de la vidéo du Nigeria (NFVCB) et l’Alliance française ont signé un accord portant sur la présentation et la distribution des films des deux pays dans le cadre de la Conférence franco-nigériane sur la distribution de films.
L’accord a été signé par Adedayo Thomas, directeur exécutif du conseil d’administration de Nollywood et par Arnand Durnon, directeur de l’Institut français.
Thomas a déclaré que la collaboration vise à présenter une plate-forme où les investisseurs, producteurs, distributeurs et autres parties prenantes de l’industrie cinématographique des deux pays pourraient se rencontrer pour des offres mutuellement bénéfiques.
Il a souligné que le projet de collaboration va encouragera et promouvoir, entre autres, la distribution de films de Nollywood en France.
Malgré les défis liés au piratage, l’intérêt croissant des entreprises étrangères à collaborer avec Nollywood dans la production et la distribution de films et le guichet de crédit ouvert par la Banque centrale nigériane, Nollywood reste une mine d’or prometteuse pour les acteurs du secteur.
GIK/fss/te/APA