Par Hicham Alaoui
Le riche héritage musical judéo-marocain est une partie peu connue de l’histoire culturelle juive du Maroc. Une cause que le réalisateur Kamal Hachkar a bien voulu dévoiler, à travers son long documentaire « Dans tes yeux, je vois mon pays », en jetant la lumière sur cette composante intégrante et de l’identité plurielle du Maroc et de son du patrimoine bien ancré dans l’histoire.
Dans ce documentaire, en lice pour le Grand Prix du long-métrage documentaire instauré pour la première fois dans le cadre du Festival national du film de Tanger (28 février- 7 mars), le réalisateur invite les jeunes à recréer des ponts avec le pays de leurs ancêtres, en mettant en exergue la diversité culturelle du Maroc, à travers l’héritage musical judéo-marocain.
Ce documentaire, qui appelle à la fraternité et à une ouverture sur l’Autre, à travers le chant et la musique qui sont universels et n’ont pas de frontières, retrace l’histoire de quatre personnages centraux, à savoir, la célèbre chanteuse Neta Elkayam, Amit Haï Cohen, Ahmed Hachkar et Fanny Mergui.
Neta Elkayam, est une artiste, chanteuse, peintre vivant à Al-Qods, dont le père et la mère sont issus respectivement de Tinghir et Casablanca. Quant à Amit Haï Cohen il est pianiste autodidacte, vivant également à Al-Qods, sa mère est née à Tizgui, village amazigh proche d’Ouarzazate et son père à Djerba en Tunisie.
Amit et Neta ont grandi dans la même ville à Netivot et ils sont mariés depuis un moment. Le couple parle couramment le dialecte marocain et l’arabe palestinien.
Les deux artistes ont créé un groupe musical où ils se réapproprient et revisitent leur héritage musical judéo-marocain. Sur scène comme dans leur vie quotidienne, ils explorent cette dualité identitaire, afin de réparer les séquelles laissées par l’exil vécues par leurs parents.
« Dans tes Yeux, je vois mon Pays » les accompagne durant un voyage au Maroc, jalonné de rencontres musicales, qui transforment la perception du couple sur ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent devenir. C’est ainsi que se dessine le rêve de reconstruire des ponts avec le pays des ancêtres.
Parallèlement, le documentaire donne un aperçu sur la vie d’Ahmed Hachkar et Fanny Mergui. Ahmed, né à Tinghir, son histoire et son rapport à la terre et au pays natal font écho à l’envie des artistes de retrouver le Maroc. Fanny, née à Casablanca, se réinstalle au Maroc, après de longues années vécues à l’étranger, souhaitant y militer pour la préservation de cette mémoire de la coexistence.
Né au Maroc, Kamal Hachkar a quitté son pays natal à l’âge de 6 mois avec sa mère pour rejoindre son père immigré en France. Titulaire d’une maîtrise en histoire de l’Université de la Sorbonne, il devient professeur d’histoire avant de réaliser, en 2012, son premier long métrage documentaire, «Tinghir Jérusalem : les échos du mellah ».
HA/APA