Saint Rodolphe Konan, le chargé de la communication du maire de la commune de Béoumi a été interpellé suite aux violences intercommunautaires des 15, 16 et 17 mai 2019 qui ont secoué ce département du Centre-Nord ivoirien et dont le dernier bilan fait état de 14 morts, a appris APA de source officielle.
L’information a été donnée, lundi, à Bouaké, lors d’une conférence de presse animée par le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Bouaké, Braman Koné.
Le procureur Koné dit avoir noté avec « satisfaction » l’interpellation de Monsieur Saint Rodolphe Konan, leader d’opinion bien connu à Béoumi et chargé de la communication du maire de ladite ville pour son « rôle déterminant » dans l’exacerbation de cette crise communautaire.
« Il (Rodolphe Konan) s’est donc saisi des réseaux sociaux pour diffuser des informations mensongères à relent raciste ou tribaliste, dans la seule intention de soulever la communauté Baoulé contre celle des Malinké », déclare Braman Koné, affirmant que les différentes publications de ce dernier ont eu un impact qui s’est traduit par la reprise des affrontements le jeudi 16 mai après l’accalmie obtenue le mercredi après-midi, 1er jour de l’altercation entre les deux chauffeurs.
Au surplus, poursuit le procureur, M. Konan a même osé divulguer de fausses informations par le biais d’un système informatique pour accuser une haute autorité administrative d’avoir acheminé des armes à Béoumi, ce qui selon lui, est sévèrement punie par la loi relative à la cybercriminalité votée le 9 juin 2013.
« Au titre des décès, c’est avec regret que nous sommes passés à ce jour de 11 à 14 morts dont, 9 Malinké, 4 Baoulé et un corps inconnu », renseigne M. Koné, ajoutant que 2 parmi les nouveaux décédés sont issus des 18 grands brulés qui ont été enregistrés lors de ces événements.
Sur ce sujet précis, l’homme de droit précise que contrairement à ce que raconte la rumeur, ces brulés, principalement des élèves, sont en fait des pilleurs d’une boutique qui se sont laissé surprendre par les flammes de l’incendie volontairement provoquée par d’autres pilleurs.
A ce jour, 22 personnes, dont 17 Baoulé et 5 Malinké ont été arrêtées suite à cette enquête ouverte par le Tribunal de 1ère instance de Bouaké pour entre autres situer les responsabilités sur le meurtre de Traoré Daouda alias Daodjan dont le corps sans vie a été trouvé dans un puits à Belakro.
Deux autres interpellés devront également répondre du crime de deux vielles femmes Baoulé, tandis que 5 accusés devront faire face aux juges pour expliquer pourquoi ils détenaient des armes de calibre 12 et une importante quantité de machette sans autorisation administrative.
Quant au chargé de la communication du maire de Béoumi, il sera entendu sur le chef d’accusation de « divulgation de fausses informations » par le biais d’un système informatique.
Le mercredi 15 mai dernier, une altercation survenue à la gare routière de Béoumi entre un chauffeur de véhicule de transport en commun appelé « Massa » et un conducteur de mototaxi, a dégénéré en une bagarre rangée entre d’une part les chauffeurs et apprentis des minicars et d’autre part les conducteurs de mototaxi.
Cette bagarre s’est transformée, aussitôt après une accalmie, en un conflit communautaire entre les ethnies Baoulé et Malinké suite à une forte rumeur faisant état de ce qu’un « Dioula avait tué un Baoulé », ce qui s’est avéré être de l’intox selon les autorités judiciaires.
D’ailleurs, précisaient ces mêmes sources, les deux premiers protagonistes du conflit sont bel et bien tous les deux en vie et les enquêtes se poursuivent à leur encontre pour situer les responsabilités.
CK/hs/ls/APA