Un sommet de «clarification» réunissant les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président français Emmanuel Macron s’ouvre, lundi, à Pau en France dans un contexte de recrudescence des attaques djihadistes et d’accusations d’inefficacité des forces militaires de l’opération Barkhane.
Reporté à la demande du président du Niger Issoufou Mahamadou suite à l’attaque d’Inates du 10 décembre dernier, ce sommet répond à une demande de clarification quant aux attentes des Etats du Sahel à l’égard de la France et de la communauté internationale.
Dans une période d’inquiétude notamment marquée par la recrudescence des attaques djihadistes et les accusations d’inefficacité des forces militaires, c’est avec optimisme que ce rendez-vous sera abordé par les pays participants.
Des décisions fortes et des engagements sont en effet annoncés afin de donner un nouveau souffle aux opérations anti-terroristes au Sahel et à l’organisation de la coopération internationale sur place.
Un enjeu politique
Face à la défiance qui règne en Afrique de l’Ouest comme en France, le sommet de Pau a pour premier objectif de réaffirmer les raisons d’être de l’opération Barkhane.
Alors que son action répond à la demande des pays du Sahel, l’armée française est en effet régulièrement visée par des attaques et rendue responsable de l’enlisement du conflit. L’Etat français entend dénoncer la diffusion d’un « narratif anti-français » comme une offensive politique destinée à discréditer son action.
La France attend ainsi que les chefs d’Etat du G5 Sahel formulent clairement leurs attentes, condition sine qua non à la poursuite de son engagement au Sahel. La présence confirmée des cinq chefs d’Etat du G5 Sahel, ainsi que les déclarations récentes en faveur de la France des chefs d’Etat et cercles dirigeants au Mali, au Niger et au Burkina sont des signaux encourageants en ce sens.
Les six chefs d’Etat réunis donneront lundi à 21h00 (heure locale) une conférence de presse conjointe dont on peut espérer qu’elle soit l’expression, d’une même voix, d’attentes et d’engagements communs.
C’est sur la base de cet engagement renouvelé que pourront être définis des objectifs politiques, militaires et opérationnels partagés. Enfin, un nouveau cadre d’action sera mis en place afin de favoriser l’engagement accru d’autres partenaires au Sahel.
Hommage et engagement international
Le sommet s’ouvrira par une courte cérémonie d’hommage aux soldats français tués le 25 novembre dernier dans la région du Liptako au Mali lors d’une opération antiterroriste. Les six chefs d’Etat déposeront une gerbe en l’honneur de ces soldats dont sept étaient membres du cinquième régiment d’hélicoptère de combat basé à Pau.
Les discussions se tiendront ensuite au château de Pau où les chefs d’Etat se rencontreront d’abord à huis clos. Ce n’est que dans un second temps que la réunion sera élargie aux ministres des Affaires étrangères, des armées, aux chefs d’Etat-major et du renseignement.
Après la conférence de presse, au dîner, les échanges devraient porter sur la redéfinition de l’engagement international au Sahel. Les discussions seront ouvertes aux dirigeants d’organisations internationales.
Il s’agit du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, du président du Conseil Européen, Charles Michel, du Haut représentant pour les affaires extérieures et la politique de sécurité de l’Union Européenne, Joseph Borrel, du président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki et de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo.
Le G5 Sahel ou « G5S » est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, créé lors d’un sommet du 15 au 17 février 2014 par cinq États du Sahel : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad répartis sur 5 097 338 km².
AP/ls/APA