Dr Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a pris part ce lundi 25 novembre 2024, à Abidjan, à la 12ème édition de la CGECI Academy, un forum économique, organisé par le Patronat ivoirien.
Le président de la République, Alassane Ouattara, a assisté à l’ouverture officielle de ce forum économique qui se déroule du 25 au 26 novembre 2024 autour du thème : « Quelle industrie des services pour stimuler la performance des économies africaines ? ».
Meyliet Koné, le vice-président ivoirien, a, au nom du chef de l’Etat, ouvert les travaux. Il a relevé que depuis les années 2000, l’industrie des services en Afrique connaît une croissance rapide, soutenue par l’urbanisation, l’expansion de la classe moyenne et le développement des TIC.
La digitalisation a également explosé l’industrie des services sur le continent avec la dématérialisation des processus, tant dans le secteur privé que public, contribuant à renforcer la résilience économique, notamment face à des crises comme la pandémie de Covid-19.
En dépit de la performance de l’industrie des services dans l’économie africaine, « le secteur reste confronté à de nombreux défis », dus à des problèmes de gouvernance et à une proportion importante de l’économie informelle, a-t-il noté.
Guest speaker à cette 12ème édition de la CGECI Academy, Dr Ngozi Okonjo- Iweala, première femme africaine à occuper le poste de directrice générale de l’OMC, a souligné que la part de l’Afrique dans le commerce mondial estimée à 3%, « stagne ».
« L’Afrique doit se réveiller »
Pour Dr Ngozi Okonjo-Iweala, le continent africain doit « fournir des produits à valeurs ajoutées ». Elle partagera que lors de la pandémie de Covid-19, 80% des produits pharmaceutiques provenaient de dix pays, montrant la vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement du secteur.
« L’Afrique doit changer de récit et la Côte d’Ivoire donner le bon ton », a déclaré Dr Ngozi Okonjo-Iweala, souhaitant qu’à l’échelle internationale on puisse « re-imaginer la mondialisation » pour un commerce inclusif.
La directrice générale de l’OMC a insisté sur l’attractivité des produits. Pour ce faire, elle conseillera, par exemple, que pour les énergies renouvelables, « les pays doivent se spécialiser sur une énergie verte qu’ils maîtrisent ».
« L’Afrique doit se réveiller », a-t-elle lancé, faisant observer que le continent représente 0,7% dans les activités liées au numérique au niveau mondial, même si les lignes dans l’industrie des services connaissent un essor.
Le ministre ivoirien du Commerce et de l’Industrie, Dr Souleymane Diarrassouba, a noté que l’Afrique qui affiche de bonnes performances économiques, avec un taux de croissance estimé à 3,8% en 2024 et projeté à 4% en 2025, dispose de l’essentiel des ressources minières et agricoles du monde.
Selon les données de l’OCDE, l’Afrique détient 97% des réserves mondiales de cuivre, 80% de coltan, 50% de cobalt, 57% d’or, 49% de platine, 60% de diamants ainsi que du pétrole et de l’uranium. De plus, l’Afrique dispose de plus de 65% des terres arabes.
Industrie des services
L’industrie des services comprend, entre autres, l’hôtellerie, le tourisme, la vente au détail, mais également, les services financiers, de transport, de distribution, les services administratifs et de soutien, les expertises, a énuméré Dr Souleymane Diarrassouba.
Ce secteur a connu une expansion significative ces dernières décennies, et représente 46% du produit intérieur brut (PIB) en Afrique subsaharienne en 2022, selon la Banque mondiale. Les services numériques et financiers, quant à eux, offrent des solutions adaptées aux réalités locales, génèrent des millions d’emplois, notamment pour les jeunes, favorisant ainsi l’inclusion économique et la stabilité sociale.
« Cette initiative prouve bien, que nous avons eu raison de nous intéresser au thème retenu pour l’édition 2024 de la CGECI Academy car, pour vous, et je vous cite – Les services seront au cœur de la croissance économique et du commerce futurs », a dit M. Ahmed Cissé, le président du Patronat ivoirien.
Selon les données de la BAD, en 2022, seulement 30,1% des exportations de services concernaient des secteurs stratégiques tels que l’assurance, la finance, les technologies de l’information et de la communication, contre 20,7% en 2005, a-t-il rappelé.
L’Île Maurice et Singapour, pays invités d’honneur de la CGECI Academy 2024, sont considérés comme des modèles inspirants dans le domaine de l’industrie des services. Ces deux pays ont démontré que des investissements stratégiques dans les services, notamment les banques, la logistique, le tourisme haut de gamme et les TIC, peuvent transformer une économie insulaire en un hub international.
AP/APA