Passionnée des médias, Clémentine Tikida, a débuté l’aventure de la radio publique et de la télévision nationale ivoirienne.
Journaliste-reporter, Clémentine Tikida officiait à l’époque coloniale, à la Radio Abidjan. Cette radio, après l’indépendance de la Côte d’Ivoire, un événement historique qu’elle a couvert, en août 1960, devient Radio Côte d’Ivoire.
Brillante, Clémentine Tikida est cooptée à la Radio Côte d’Ivoire, où elle a démarré l’émission « La famille Yao » avec Sylvain Zogbo, un animateur pétri de talent, géniteur de l’actuel animateur vedette, Yves Zogbo Junior.
Avec Sylvain Zogbo, elle fait cette émission durant un an, avant d’être désignée l’année d’après pour une formation, en France, pendant la mise en place de la télévision d’Etat. De retour, après deux ans et demi, Clémentine Tikida intègre l’équipe de la télévision publique.
Parmi les hommes, cette jeune fille affirme avec hargne son talent et fait figure d’exception. Le 7 août 1963, Clémentine Tikida est choisie pour assurer la présentation des émissions, un challenge qui atteste de ses compétences acquises dans l’hexagone.
« Je suis reporter, animatrice, et j’étais la seule femme à faire cela », témoigne Clémentine Tikida, qui après avoir décroché son diplôme d’ingénieur des techniques des médias, s’est hissée comme première femme réalisatrice, un poste qu’elle va assurer pendant 35 ans.
Clémentine Tikida, première réalisatrice et animatrice, est également première rédactrice de la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Passionnée de sport, elle devient une pionnière dans le saut en parachute, où elle totalise 19 sauts.
A la suite de son mariage avec un Corse, Clémentine Tikida s’accoutume aux jeux européens. En 1964, elle réalise l’exploit de devenir la première femme parachutiste sur le plan national et deuxième pilote ivoirienne rallye Bandama en 1968-1969
Cinq ans plus tard, Clémentine Tikida fait le Rallye automobile de Corse appelé « Tour de Corse », encouragée par son époux. Cette jeune femme, mère de deux enfants, bouscule tout, et prouve que les femmes ont du potentiel à mettre en valeur.
Au cours de sa carrière, elle a fait un entretien avec l’ex-Première dame, Marie Thérèse Houphouët-Boigny et l’épouse de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Philippe Grégoire Yacé, toutes les deux, fondatrices de l’Association des femmes ivoiriennes (AFI), en 1975.
Plus tard, Clémentine s’essaie brillamment au 7e art, en paraissant dans le film « L’herbe sauvage du cinéaste ivoirien Henri Duparc, en 1977. Ses performances lui valent de décrocher le premier prix de meilleure actrice féminin du cinéma africain, à Carthage, en Tunisie ».
Après 35 ans de service au sein de la RTI, Clémentine Tikida part à la retraite. Chevalier du mérite national et officier du mérite ivoirien, elle va marquer son époque dans cette « Maison bleue ». Le 29 mai 2024, cette pionnière des ondes tire sa révérence, à l’âge de 85 ans.
AP/APA