Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara « reste candidat » à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement Sidi Tiémoko Touré, invitant l’opposition, qui rejette sa candidature pour non-conformité constitutionnelle, à utiliser un « ton apaisé».
« Je voudrais inviter la classe politique à œuvrer pour la tenue d’un scrutin apaisé. Cela passe par l’utilisation d’un ton apaisé », a dit M. Sidi Touré, lors d’une conférence de presse à Abidjan, estimant que « le débat citoyen doit se mener, mais dans le strict respect, l’union et la discipline ».
Face à l’histoire, lancera-t-il, nous avons une responsabilité, celle de transmettre notre pays et le rendre encore plus fort aux générations à venir. Un appel aux fins qu’il n’y ait pas de crise liée à l’élection présidentielle prochaine.
Le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré, a expliqué que selon la Constitution de 2016, « cette candidature du président Ouattara sera la première de la IIIe République », instaurée par la loi fondamentale.
De ce fait, « elle est donc légale et conforme au principe fondamental de la non rétroactivité des lois ». A contrario, l’opposition ivoirienne évoque une continuité législative de la Constitution, qui limite le mandat présidentiel à deux quinquennats.
Pour lui, le débat doit être serein, car il reviendra au Conseil constitutionnel, le juge suprême des élections présidentielles, de «trancher définitivement sur cette question ». Une posture qui ne semble pas rassurer l’opposition qui relève que le juge constitutionnel a été nommé par le pouvoir actuel.
« Alassane Ouattara reste candidat dans le cadre de la IIIe République. Nous avons connu une République qui s’est achevée avec l’avènement de cette constitution en 2016 » qui instaure d’ailleurs, pour la première fois une vice-présidence, a-t-il poursuivi.
Le 6 août, à la veille du 60e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, M. Ouattara a annoncé sa candidature à la présidentielle du 31 octobre 2020, insinuant qu’il reconsidérait sa position, émise le 5 mars 2020 devant le Parlement, de transmettre le pouvoir d’Etat à une jeune génération.
Cette ambition s’était concrétisée le 12 mars 2020 par la désignation comme candidat du Rhdp à la présidentielle du 31 octobre 2020 du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, décédé le 8 juillet des suites d’un malaise cardiaque.
Suite à ce décès de son dauphin, l’appel d’une partie des Ivoiriens dans leur diversité à briguer un troisième mandat et au regard des enjeux pour la Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat a décidé de faire un sacrifice supplémentaire pour la préservation des nombreux acquis du pays ces dernières années.
Des réactions de leaders politiques de l’opposition ont inondé la toile. Sur les réseaux sociaux, l’ancien président de l’assemblée nationale, Guillaume Soro, actuellement en France, s’est offusqué de cette candidature de M. Ouattara, son mentor dans un passé récent.
M. Soro est « bien confortable dans son fauteuil en France là-bas, il ferait bien de venir sur le terrain pour être le premier en tête de file pour la manifestation qu’il appelle. Je pense que ce n’est pas assez responsable de sa part ; il est en France et il appelle les Ivoiriens à s’entredéchirer », a dit M. Sidi Touré.
Après l’annonce de la candidature de M. Ouattara pour un troisième mandat présidentiel, des populations sont descendues dans la rue à travers le pays pour protester contre ce troisième mandat. Lundi, des forces de l’ordre ont été déployées à Abidjan en vue d’empêcher toute manifestation.
AP/ls/APA