L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) va installer dans la cité balnéaire du sud-ouest ivoirien, cinq fours FTT au sein du débarcadère de la ville.
Dans une démarche participative, la FAO a effectué vendredi, dans ce débarcadère, une visite de terrain conduite par Fatou Sock, coordinatrice régionale du Projet Initiative pêche côtière-Afrique de l’Ouest (IPC-AO).
Lors d’un échange avec six associations de femmes opérant dans ce débarcadère, Fatou Sock a annoncé, l’installation par la FAO, de 5 fours FTT au profit des mareyeuses, faisant savoir que la mission venait les « écouter » pour savoir leurs avis sur l’espace idoine.
Toutes les femmes, dans leur intervention, ont déclaré voir que l’installation des fours FTT, foyers améliorés exposant à moins de chaleur et à la fumée, soient installés « au sein du débarcadère », un site aménagé par l’Etat ivoirien avec l’appui du gouvernement japonais.
La mission a rencontré des autorités locales, au niveau de la préfecture, du Conseil régional du Gbôklè et le maire de la commune de Sassandra. Et ce, pour apporter leurs orientations au projet afin qu’il soit intégré dans une vision globale de développement.
La secrétaire générale de la préfecture, Mme Adjatou Coulibaly Symakan, a évoqué la nuisance de la fumée, estimant que sur un autre site, le projet serait adéquat. Le maire de la cité, lui, propose à l’avenir l’aménagement d’un site dédié pour le fumage du poisson.
Il s’agit d’une « plateforme pilote », a souligné Fatou Sock. Le projet IPC-AO devrait permettre la mise en place d’un plan d’aménagement visant à gérer les ressources halieutiques à Sassandra, avec le Centre de recherche océanographique.
D’ici à fin 2022, les fours FTT du débarcadère de Sassandra pourraient être opérationnels. La FAO étudie également la mise aux normes des fours FTT de Locodjro, dans l’Ouest d’Abidjan, à la suite de défauts constatés dans la fabrication des foyers installés.
Elle a indiqué qu’une formation sera assurée aux mareyeuses dans le cadre de la gouvernance de la pêche. Cela devrait leur permettre de tenir une comptabilité simplifiée et de rentabiliser leurs affaires.
Dans le contexte de la formation, la coordinatrice régionale du Projet IPC-AO a annoncé un voyage d’échanges entre les femmes de Côte d’Ivoire, du Cap Vert au Sénégal. Deux femmes du débarcadère de Sassandra devront être désignées pour y participer.
Cela vise à donner l’opportunité aux femmes d’ancrer cette technique innovante en termes de fumage de poissons, avec les fours FTT, mais également de créer un réseau entre ces différentes communautés qui partagent les mêmes problématiques et partager des expériences.
La gestion de cette plateforme pilote au profit de ces six associations nécessite qu’elles accordent leur violon afin que des femmes ne soient pas lésées. Mme Fatou Sock a conseillé, par exemple, la mise sur pied d’une faîtière qui va fédérer leurs énergies.
Les fours traditionnels utilisés pour le fumage du poisson provoquent des problèmes de santé et consomment beaucoup de bois. Suite à un examen médical, il y a quelques années, plusieurs femmes souffraient de maux d’yeux et certaines avaient perdu leurs empreintes digitales.
Avec ces fours, lorsque la graisse du poisson tombe sur le feu, elle remonte sur la chair du produit, donnant une couleur noirâtre. En outre, il faudrait 5 Kg de bois pour 1 Kg de poissons contre 1 Kg de bois pour 1 Kg de poissons pour les fours FTT de la FAO.
Mlle Marie Compaoré, mareyeuse et membre de la coopérative « Matraphas Sassandra », rapporte qu’avec les fours traditionnels, les femmes disent être fréquemment malades, en plus, le coût des bois de chauffe fait qu' »elles ne se retrouvent pas en matière de finance ».
Avant cette visite de terrain, la délégation de la FAO, comprenant des juristes de la gouvernance de la pêche et des consultants, sur le plan national qu’international, a rencontré à Abidjan le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques, M. Sidi Touré.
Une évaluation du cadre juridique de la pêche en Côte d’Ivoire, par la FAO, visant à étudier la cohérence des textes par rapport aux instruments internationaux sur la gouvernance et la gestion durable des pêches, ressort des « lacunes au niveau de la loi de 2016 » sur la pêche et l’aquaculture.
Le ministre, dira-t-elle, « a été très ouvert » aux propositions de l’organisation onusienne en vue d’une « relecture » des textes. Cela devrait permettre d’y intégrer l’approche systémique des pêches, le genre et les normes et règlements sur la sécurité sanitaire des produits de la pêche.
Aux larges de Sassandra, des bateaux pratiquent la pêche illégale, sans être inquiétés. En plus de cette situation, la pêche en mer est faite quasiment par les Ghanéens, qui dans la sous-région ouest-africaine, sont reconnus pour leur technicité.
Sur les lieux du débarcadère, l’on peut trouver des monofilaments, une sorte de filet de pêche en plastique, très nocive pour les poissons une fois déposée en mer. Par ailleurs, cet outil de pêche peut durer dans l’eau pendant 100 ans, ce qui nécessite une surveillance des pêches.
La FAO, déjà, envisage entre mai et juin 2022, une période morte en termes d’activité de pêche, de faire des formations au profit des mareyeuses et des mareyeurs. Le projet IPC-AO, entamé en 2019, prend fin en mai 2023.
Le projet IPC-AO devrait permettre une autonomisation des femmes dans le secteur de la pêche. Il est financé par le Fonds mondial pour l’environnement, une entité qui lutte pour préserver les écosystèmes et la biodiversité.
AP/ls/APA