Le mythique groupe musical ivoirien, Magic System, donne un concert mercredi à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), la plus grande prison du pays, a annoncé lundi le chef de la délégation régionale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Abidjan, Christian Cardon.
M. Cardon s’exprimait à l’occasion d’un panel qui a regroupé, dans la salle de conférence du ministère des Affaires étrangères à Abidjan, plusieurs représentants de la sous-région et du continent africain, autour du thème : « Humanité en détention : défis et perspectives en Afrique ».
Ce panel s’inscrit dans le cadre de la semaine de détention d’Abidjan qui marque 20 années de visite de la délégation du CICR dans les prisons ivoiriennes. Pour donner un écho à son message, le CIRC a sollicité le groupe Magic System aux fins de partager un instant féerique avec les détenus de la MACA.
Le concert est prévu après une visite du président du CICR, Peter Maurer, à la MACA le 16 janvier 2019, suivie d’une conférence de presse. Les « magiciens » passeront « un message à la société dans son entièreté pour montrer que le détenu n’est pas un extra-terrestre, mais fait partie de la société », a dit M. Cardon.
Il s’agit au cours de cette semaine d’ « attirer l’attention de tous ceux qui peuvent faire quelque chose pour changer les choses et le quotidien des détenus qui sont en Côte d’Ivoire ou partout en Afrique de l’Ouest », a ajouté le chef de la délégation régionale du CICR à Abidjan.
« En invitant un groupe connu, Magic System au sein de la prison, c’est pour monter au monde entier et à l’Afrique en particulier que même Magic System se déplace pour aller voir les prisonniers, ce qui prouve que les prisonniers sont des êtres humains et ils doivent être respectés », a-t-il soutenu.
L’idée de ce panel, poursuivra-t-il, est de « réfléchir à des solutions concrètes et pragmatiques et voir comment les académiciens, les chercheurs, la société civile, les ambassadeurs et les autorités nationales peuvent apporter un réel changement dans le quotidien des personnes privées de liberté ».
Au cours des débats, il a été soulevé des problématiques liées au système pénitentiaire et aux conditions de vie des populations carcérales. Laissés souvent pour compte, les détenus paient le prix fort du dysfonctionnement des prisons.
Stigmatisés et coupés de leur famille, les détenus vivent dans des conditions qui mettent souvent à risque leur santé physique et mentale, avec la surpopulation et le manque de soins adéquats. Pour les panélistes, il faut favoriser une politique de resocialisation aux fins d’éviter la radicalisation.
Les échanges ont en outre ressorti la nécessité de séparer les prévenus et les condamnés, ainsi que les hommes, les femmes, les handicapés et les enfants dont la prise en charge reste « faible ». Les participants qui ont encouragé les mesures alternatives, ont évoqué la prise en compte des détenus radicalisés.
Dans les prisons burkinabè, l’on enregistre aujourd’hui une centaine de détenus radicalisés dont leurs forfaits sont en lien avec des actes terroristes. Le pays a entrepris de les séparer d’avec les prévenus de droit commun pour éviter leur radicalisation et l’endoctrinement.
Avec des budgets limités et des difficultés à recruter du personnel pénitentiaire formé, les administrations pénitentiaires peinent dans les prisons africaines à subvenir aux besoins essentiels des personnes privées de liberté : nourrir les détenus, les loger ou encore les soigner.
Le président du CICR est attendu dans la soirée de lundi à Abidjan pour une durée de deux jours. Il s’entretiendra avec des détenus à la Maca pour mieux comprendre leur situation sur le terrain. Selon le chef de la délégation régionale du CICR à Abidjan, ce concert « n’est pas accessible aux médias ».
AP/ls/APA