L’opposant ivoirien Mamadou Koulibaly a dénoncé jeudi à Abidjan une « inflation législative» en Côte d’Ivoire qui, de son avis, « ne sert à rien ».
M. Koulibaly qui est également, l’un des candidats déclarés à la présidentielle ivoirienne de 2020, s’exprimait dans sa web émission hebdomadaire dénommée « Jeudi, c’est Koulibaly ».
« La paix sociale, ce n’est pas seulement dans les discours, c’est aussi de faire en sorte que la population ait un coefficient de tranquillité élevé. Le stress permanent, ça rend fou. Vous votez des lois que vous n’appliquez pas. Quelle est cette inflation législative qui ne sert à rien? », s’est interrogé M. Koulibaly qui accuse l’exécutif ivoirien d’avoir adopté une loi sur la consommation en juillet 2016 qui jusque-là n’est pas applicable.
« En juillet 2016, le gouvernement a pris une loi sur la consommation et dans cette loi, il est dit que le gouvernement mettra en place une commission pour la sécurité des consommateurs. Sa mission, c’est de chercher les informations, regarder la qualité de ce qui rentre en Côte d’Ivoire… Et la loi depuis 2016 dit que le président de la République doit prendre un décret pour mettre en place cette commission. Mais jusqu’à aujourd’hui rien», a-t-il accusé ajoutant cependant que « ou si elle ( la commission) existe, elle ne fait rien du tout».
Le disant, M. Koulibaly fait allusion à la récente « rumeur» qui a enflé dans le pays à propos de l’entrée en Côte d’Ivoire d’une cargaison de riz avarié. « On a un bateau chargé de riz qui a été refusé dans un certains nombres de ports et qui est arrivé à Abidjan. Dans la tradition portuaire, lorsque les marchandises arrivent par bateau, le bateau est précédé d’un connaissement (document matérialisant le contrat) qui donne la qualité de la marchandise, l’origine, le propriétaire et les détails du contrat. Si cette marchandise est impropre à la consommation, on vérifie avant de débarquer. Chez nous, on dit il n’y a pas de problème, débarquez et repartez», a déploré M. Koulibaly.
« Lorsque l’opinion et les associations de consommateurs commencent à s’inquiéter, la rumeur gonfle, on nous dit que le riz est sous embargo et qu’ils feront des tests pour voir s’il est propre ou impropre à la consommation. Quelques temps après, on nous dit que ce riz est impropre à la consommation… La rumeur gonfle encore quand on a vu débarquer ce riz avarié dans des magasins», a poursuivi M. Koulibaly, regrettant que ce « stress permanent » de la population rend malade.
« Le même gouvernement nous informe qu’il a fait une grosse saisie d’huile impropre à la consommation. Encore une fois, le produit est embarqué, stocké et silence radio. Est-ce que cette huile est détruite ou va être détruite ? Pourquoi est-elle impropre à la consommation ? D’où vient-elle ? Qu’est-ce qu’on en fait après ? Rien du tout, silence », a également déploré l’opposant.
Une cargaison de 18.000 tonnes de riz d’origine birmane, rappelle-t-on, a été déchargée au port d’Abidjan du 11 au 18 mars dernier. Suite à l’analyse d’un échantillon de ce riz par un laboratoire accrédité et agréé, le gouvernement ivoirien a annoncé dans un communiqué qu’il est impropre à la consommation et que cette cargaison sera détruite.
Mercredi, le gouvernement ivoirien a assuré à nouveau que ce riz avarié importé « ne sera pas sur le marché ivoirien ».
Ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne sous le régime de la refondation de Laurent Gbagbo, M. Koulibaly est l’actuel maire de la commune d’Azaguié dans le Sud ivoirien. Depuis 2017, il a annoncé sa candidature pour la présidentielle ivoirienne de 2020.
LB/ls/APA