Kobenan Adjoumani, le porte-parole principal du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire, a accusé mardi Koffi Goli, l’un des « neveux directs » de l’ex-président Henri Konan Bédié, d’être «pourvoyeur d’orpailleurs clandestins », lors d’une conférence de presse.
« S’agissant des activités d’orpaillage, nous affirmons que l’un des neveux directs de M. Henri Konan Bédié du nom de Koffi Goli, marié à une femme de nationalité Burkinabè et installé au Burkina Faso se trouve être l’un des plus grands pourvoyeurs d’orpailleurs clandestins à Daoukro (Est ivoirien) », a déclaré M. Adjoumani.
Le porte-parole principal du Rhdp, Kobenan Kouassi Adjoumani, a fait savoir que « ses relais à Daoukro, notamment M. Kouadio Martin du village de Koutoukounou, dans la sous-préfecture de Daoukro (ont fait que) ce village était colonisé par plus de 2.000 orpailleurs ».
Grâce à la gendarmerie, ajoutera-t-il, « le site qui servait d’orpaillage a été déguerpi avec l’arrestation de 37 personnes » dont il ignore « si M. Bédié a des parents parmi», mais M. Goli, son neveu, a tenté de libérer et obtenir la réouverture du site auprès des autorités administratives qui lui ont rappelé qu’il y avait une procédure légale à suivre pour exercer cette activité.
La question de l’orpaillage clandestin, un fléau en Côte d’Ivoire, a refait surface après des propos de M. Bedie sur le sujet ainsi que du problème du foncier rural et de la fraude sur la nationalité ivoirienne, alors qu’ il recevait le 5 juin 2019, à Daoukro, des partisans de son parti, en provenance de Koumassi, dans l’Est d’Abidjan.
« On fait venir des étrangers armés qui sont stationnés maintenant dans beaucoup de villages » à travers l’orpaillage clandestin, « il faut que nous réagissions pour que les Ivoiriens ne soient pas étrangers chez eux, car actuellement on fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela », a martelé M. Bédié.
« Il faut simplement que nous soyons conscients, car le moment venu, nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d’Ivoire », a-t-il laissé entendre. En réaction, le RHDP a condamné ces propos avec « la dernière énergie » les qualifiant de « contrevérités, irresponsables, xénophobes ».
Décortiquant l’idée du chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, ex-allié au pouvoir), le porte-parole adjoint du Rhdp, Mamadou Touré a souligné que « pour M. Bédié, ce qui est en jeu, ce sont les élections présidentielles de 2020, or il apparait clairement que le Pdci ne peut pas gagner les élections en 2020, alors ces arguments visent à justifier la posture qu’ils auront quand ils seront battus à plate couture».
En outre, M. Mamadou Touré a fait observer que le chef de l’Etat a des prérogatives et est compétent pour signer des décrets de naturalisation. « Il peut donner la nationalité ivoirienne à qui il veut, or il s’avère qu’ il aura été le président de la République qui aura le moins naturalisé dans ce pays ».
Selon M. Kobenan Adjoumani « le constat que le phénomène de l’orpaillage ne concerne pas seulement les étrangers, mais aussi des ivoiriens et non des moindres qui ont pieds et mains liés dans cette affaire ».
« Ce que M. Bédié doit savoir, c’est que ses appels à la haine et à la révolte sont constitutifs d’infractions prévues et punies par le code pénal ivoirien. En effet, en excitant les citoyens à s’armer les uns contre les autres, le président Bédié tombe sous le coup de l’article 158 alinéa 2 du code pénal », a-t-il poursuivi.
La loi ivoirienne en la matière dispose que « Est puni de l’emprisonnement à vie l’attentat dont le but est (…) d’exciter les citoyens ou les habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat ou à s’armer les uns contre les autres ». Cette loi a été adoptée en juillet 1995 alors que M. Bédié était président de la République.
M. Adjoumani a dit que M. Jean-Louis Billon, un cadre du Pdci, « a fait du faux en annonçant » lors de sa conférence de presse, lundi que « ce sont 280 000 attestations d’identité qui ont été saisies alors qu’en réalité il ne s’agissait que de 20 000 qui ont été interceptés ».
« En effet, il ne s’agit pas de faux documents d’identité qui ont été interceptés. Sur une commande de 250 000 imprimés de demande d’attestation d’identité et de 250 000 imprimés d’attestation d’identité, 20 000 devraient, compte tenu de l’urgence être acheminés par la route pour éviter une rupture de ce document », a expliqué M. Adjoumani.
« Il se trouve que la société Impact Palmares (société de droit ivoirien), attributaire du marché, dont le premier responsable de nationalité béninoise et par ailleurs, Consul de la République de la Hongrie en Côte d’Ivoire, n’a pas diligemment informé les autorités compétentes, afin de faciliter le convoyage desdits documents », a mentionné M. Adjoumani.
Poursuivant, il a toutefois noté que « la police a saisi le procureur d’Aboisso (sud-est) qui, informé de la situation, a ordonné la main levée, le 27 mai 2019 et lesdits documents ont pu être acheminés jusqu’à Abidjan, sans ambages », avant d’ajouter que « les bordereaux de réception attestent qu’il s’agit d’une opération régulière ».
AP/ls/APA