Le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) Assoa Adou, figure de proue d’une frange du parti, a dénoncé mercredi à Abidjan une « opposition » du gouvernement ivoirien pour le retour de Laurent Gbagbo et Blé Goudé en Côte d’Ivoire, face à la presse.
M. Asso Adou a déploré « une honteuse immixtion du gouvernement ivoirien dans le procès de l’ex-président Laurent Gbagbo (fondateur du FPI) et de son co-accusé Charles Blé Goudé », devant les caméras, au siège provisoire du parti, à la Riviera 3, un quartier de Cocody, dans l’Est d’Abidjan.
S’appuyant sur une lettre du Conseil de l’Etat ivoirien, demandant à la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) de « rejeter la requête déposée par la défense de M. Gbagbo » visant à l’acquitter des charges portées contre lui, M. Adou a déclaré que M. Alassane Ouattara est contre la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Selon M. Assoa Adou, « par des manœuvres politiciennes, loin des considérations de droit, les juges de la Chambre d’appel ont imposé des conditions restrictives à la liberté de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé ».
« Ces conditions pour nous, sont assimilables à une prise d’otage des personnes acquittées sur lesquelles il ne pèse aucune charge », et ce, à cause de la « posture politique » du procureur de la CPI Fatou Bensouda, a dit M. Adou qualifiant la « requête aussi étonnante que provocatrice ».
L’équipe de défense avait introduit, le 7 octobre 2019, une requête auprès de la Chambre d’appel de la CPI après sa décision du 1er février 2019 dans laquelle cette Chambre avait imposé des conditions restrictives à la liberté de MM. Gbagbo et Blé Goudé. Et ce, afin de libérer sans condition.
« Alors que la question reste pendante devant la Cour d’appel de la CPI, le FPI et la plate-forme EDS apprennent avec stupéfaction et indignation que l’Etat de Côte d’Ivoire, c’est-à-dire M. Ouattara s’invite assez curieusement au débat en s’opposant à travers un courrier adressé à la CPI le 25 octobre 2019 à la libération sans condition de MM. Gbagbo et Blé Goudé », a-t-il poursuivi.
« Cette opposition du chef de l’Etat à la libération et au retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo dont il dit, c’est mon frère, je n’ai rien contre lui et ce n’est pas moi qui l’a envoyé la CPI » montre que « le masque est enfin tombé » derrière lequel Bensouda, le procureur, a été « manipulé ».
Pour le secrétaire général du FPI, cette action du gouvernement ivoirien montre aujourd’hui qu’en Côte d’Ivoire, il existe désormais deux camps bien tranchés, d’un côté, l’écrasante majorité, le camp qui aspire à la réconciliation nationale, à la paix durable et de l’autre côté le camp minoritaire de M. Ouattara et de ceux qui refusent cette réconciliation ».
M. Ouattara demeure « réfractaire » à l’élan de la réconciliation dans le pays, a soutenu Assoa Adou, rappelant que le 29 juillet 2019 M. Gbagbo et le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, opposition), Henri Konan Bédié, ont « donné l’exemple » en lançant un appel à la réconciliation.
M. Assoa Adou a par ailleurs indiqué que la condamnation par la justice ivoirienne de M. Laurent Gbagbo à 20 ans de prison dans l’affaire de braquage de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et les poursuites engagées contre Blé Goudé à Abidjan, « illustrent le refus du chef de l’Etat ivoirien de la réconciliation nationale ».
Le 15 janvier 2019, les juges de la Chambre de première instance de la CPI ont acquitté le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé de toutes les charges alléguées contre eux dans le cadre de la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011 qui a officiellement fait plus de 3 000 morts.
Le procureur de la CPI a déposé le 16 septembre 2019, dans les dernières heures ouvrables, son acte d’appel de la décision d’acquittement en soulevant un vice de forme et de procédure, demandant dans les soumissions écrites l’annulation de la décision d’acquittement et de toute la procédure.
AP/ls/APA