La Côte d’Ivoire va renouer le contact avec tous les Ivoiro-descendants partout dans le monde, a annoncé jeudi à Abidjan, Maurice Kouakou Bandaman, le ministre ivoirien de la Culture et de la francophonie.
« Les Ivoiro-descendants sont un peu partout dans le monde. L’année dernière, nous avons reçu des américains et cette année, ce sont les Boni de Guyane et nous comptons aller partout où nous avons des informations sur les traces des Ivoiro descendants. Nous allons renouer le contact avec tous les Ivoiro-descendants partout où ils se trouvent dans le monde», a fait savoir M. Bandaman.
Il s’exprimait dans une conférence de presse-bilan de la première édition des journées mémorielles internationales de « La route de l’esclave» qui avait pour invités d’honneur, les « Boni de Guyane », un peuple qui a des ascendants ivoiriens.
Le programme des journées mémorielles internationales de la route de l’esclave vise à conserver dans la mémoire collective les effets de la traite négrière et de l’esclavage afin d’inscrire dans l’esprit de tous, la non reprise de ces pratiques qui ont déshumanisé des peuples.
« Les éléments que nous avons à notre disposition indiquent qu’environ 80.000 ivoiriens ou captifs sont partis des côtes ivoiriennes pendant l’esclavage pour les Amériques et les îles. Ce chiffre indique seulement ceux qui ont été clairement identifiés. Donc, on peut faire des estimations à plus de 100.000 personnes», a expliqué M. Bandaman affirmant que « chaque année, nous allons organiser les journées mémorielles internationales de la route de l’esclave avec d’autres Ivoiro descendants ».
Selon lui, le peuple de Guyane qui a été l’invité d’honneur de cette première édition des journées mémorielles, a découvert au terme de ces journées qu’il vient effectivement de la Côte d’Ivoire.
« Nous n’allons pas lâcher les liens. Nous allons continuer d’entretenir les liens avec les Boni. Nous irons aussi vers eux en Guyane », a-t-il promis.
Avant lui, au nom de la délégation Guyanaise forte de vingt-cinq personnes, le député Adams Lenaïck a souligné que ce retour en Côte d’Ivoire sur la terre de leurs ancêtres a permis de « nous ressourcer et répartir la tête bien chargée de notre histoire ».
« Nous avons vécu un voyage et des expériences uniques… Nous travaillerons rapidement pour qu’on puisse recevoir aussi en Guyane nos frères ivoiriens », a dit le parlementaire Guyanais exprimant sa gratitude aux autorités ivoiriennes.
Pour sa part, le professeur Ackah Kouamé, le responsable scientifique du programme « La route de l’esclave » a soutenu que la Côte d’Ivoire est « réellement sur la route de l’esclave » estimant qu’il y a dans le pays de « grands sites négriers ».
Poursuivant, il a annoncé qu’au-delà de cette venue du peuple Boni en Côte d’Ivoire, une coopération scientifique sera scellée entre les universitaires des deux pays, notamment entre l’Université de Guyane et l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Les premières journées mémorielles internationales de la route de l’esclave se sont tenues du 22 au 25 avril 2019 avec pour invité d’honneur le peuple Boni de Guyane.
Ce peuple qui a des origines ivoiriennes, a été lundi à Krindjabo dans le Sud-Est ivoirien par le roi du Sanwi, Sa majesté Nanan Amon N’Doffou V.
Mardi, la délégation Guyanaise et ses hôtes ivoiriens ont mis le cap sur Kanga-Nianzé dans le Nord-ouest d’Abidjan, un village qui a été l’un des sites négriers du pays. Dans ce village, la délégation a été « purifiée » comme à Krindjabo selon la tradition de ses ancêtres ivoiriens.
Selon le gouvernement ivoirien, les journées mémorielles internationales de la route de l’esclave s’inscrivent dans le cadre du programme de l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture ( UNESCO) dénommé « La route de l’esclave » lancé en 1994 à Ouiddah au Bénin pour mettre fin au silence autour de la traite négrière. Le projet de « La route de l’esclave » a été officiellement lancé en Côte d’Ivoire le 06 juillet 2017.
LB/ls/APA