L’Etat de Côte d’Ivoire a adopté mercredi une loi anti-tabac pour renforcer la lutte contre le tabagisme et affiche son intention de ne pas secourir l’usine de cigarettes de Bouaké (centre), une unité actuellement moribonde qui emploie 575 agents.
Le projet de loi a été adopté à la majorité par les députés. L’exposé des motifs évoque la fermeture de l’usine de production de cigarettes de Bouaké, dans le centre ivoirien, une unité actuellement moribonde, et le gouvernement « n’a pas l’intention de secourir cette industrie ».
L’exécutif compte prendre des dispositions coercitives pour lutter contre le tabagisme face à la cigarette de contrebande. En adoptant ce dispositif, l’Etat veut lutter contre la consommation du tabac et les produits dérivés, ce qui n’était pas le cas avec les dispositions antérieures.
La taxation du tabac en Côte d’Ivoire est de 43%, en dessous du seuil fixé par la norme communautaire de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine ) qui indique une imposition des droits d’accises allant de 50% à 150%.
L’Etat ivoirien a déjà pris des dispositions interdisant de fumer dans les lieux publics et veut soutenir les campagnes de sensibilisation à l’attention des jeunes, ce qui devrait à terme réduire les coûts sanitaires liés à la consommation du tabac qui grève le budget alloué à la santé.
Au plan sanitaire, le ministère ivoirien de la Santé et de l’hygiène publique note 5 000 décès annuels dus à la consommation du tabac et des produits dérivés avec une prise en charge des patients tabagiques qui « coûterait à l’Etat près de 28 milliards de Fcfa par an ».
La cause principale de la forte consommation du tabac est l’ignorance des populations des dangers du tabac. C’est pourquoi une lutte anti-tabac a été engagée avec la star mondiale du reggae Alpha Blondy, ancien fumeur, qui s’est totalement investi dans la campagne.
Les données sur l’implantation et l’exploitation des produits du tabac en Côte d’Ivoire, en 2014, montrent que « le solde commercial est déficitaire de 38,784 milliards Fcfa ». Et, au niveau des emplois, seulement quelques centaines d’emplois directs sont générés par les trois principales firmes du tabac.
En 1960, la Côte d’Ivoire a permis, en vue de son développement, l’implantation de l’industrie du tabac, un secteur pourvoyeur de ressources et d’emplois. Mais face au tabac, reconnu comme une menace pour la santé des populations et pour l’économie nationale, l’Etat opte pour la bonne santé de ses citoyens.
AP/ls/APA