Une délégation du peuple Boni de Guyane ( 25 personnes) qui est l’invitée d’honneur des premières journées mémorielles internationales de la « Route de l’esclave», a été reçue lundi à Krindjabo dans le département d’Aboisso dans le Sud-Est ivoirien au siège de ce royaume où elle a été «purifiée» en présence de Sa Majesté Nanan Amon N’Doffou V, a constaté APA sur place.
Le peuple Boni de Guyane, à en croire des études, a des ascendants qui ont essentiellement des origines Akan du Sanwi, l’un des premiers royaumes de la Côte d’Ivoire qui s’étend sur 8000 km2.
« Le peuple Boni de Guyane est essentiellement d’origine ivoirienne… Nous ferons de Krindjabo l’une des villes touristiques de la mémoire. Le tourisme de la mémoire sur l’esclavage est un tourisme du souvenir et de la douleur », a fait savoir, Maurice Kouakou Bandaman, le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie lors de cette cérémonie solennelle aux allures de retrouvailles.
Expliquant le projet de la « Route de l’esclave », lancé en 2017 en Côte d’Ivoire, M. Bandaman a soutenu qu’en s’inscrivant sur cette voie, les autorités ivoiriennes « ont choisi l’axe de la repentance de notre culpabilité».
Avant lui, Eugène Aka Aouélé, le ministre ivoirien de la santé et de l’hygiène publique, a fait savoir que le royaume du Sanwi était « au commencement» de la Côte d’Ivoire. « Le royaume du Sanwi était au commencement de la Côte d’Ivoire car c’est ici que le protectorat faisant de la Côte d’Ivoire une colonie française a été signé », a-t-il rappelé, précisant que « tout s’est passé d’abord ici en tant que porte d’entrée » du pays.
Selon M. Aouélé qui est également le président du Conseil Régional du Sud-Comoé (Sud-Est ivoirien), « tout est parti du royaume du Sanwi avant de se répandre sur toute la Côte d’Ivoire ».
Hormis cette délégation des Boni de Guyane dont les ascendants sont d’origine ivoirienne, le royaume du Sanwi, l’un des premiers du pays, a déjà reçu les américains Mickaël Jackson (1992) et Jesse Jackson (2009) dont les ascendants seraient originaires eux-aussi de ce royaume.
Dans le même élan que ses collègues, le ministre du Tourisme et des loisirs, Siandou Fofana, s’est félicité du retour de cette délégation Guyanaise sur la « terre de ses ancêtres ».
« Nous nous inscrivons dans ces premières journées mémorielles internationales de la route de l’esclave. Que la terre de vos ancêtres vous soit favorable », a-t-il souhaité à la délégation des Boni réaffirmant l’engagement de son département ministériel à promouvoir le « tourisme de mémoire ».
« C’est une joie pour nous d’être ici. Aujourd’hui, c’est un rêve qui devient réalité. C’est grâce à nos ancêtres que nous sommes ici », a estimé à son tour, Adam Lenaïck, député et porte-parole de la délégation Guyanaise.
Après Krindjabo, la délégation Guyanaise accompagnée des autorités ivoiriennes s’est rendue dans la ville historique de Grand-Bassam pour visiter le musée national du Costume.
Les premières journées mémorielles internationales de la route de l’esclave sont prévues du 21 au 26 avril 2019. Ces journées s’inscrivent dans le cadre du programme de l’organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) dénommé la « Route de l’esclave » lancé en 1994 à Ouiddah au Bénin pour mettre fin au silence autour de la traite négrière.
Selon le gouvernement ivoirien, « il s’agit plus précisément de mener des actions visant à la conservation dans la mémoire collective des effets de la traite négrière et de l’esclavage afin d’inscrire dans l’esprit de tous, la non reprise de ces pratiques qui ont déshumanisé des peuples et briser leur élan ».
LB/ls/APA