Un regroupement d’une dizaine de partis de l’opposition vise à interpeller le gouvernement sur la nécessité de trouver des solutions consensuelles, à l’ensemble des problèmes liés au système électoral, avant l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Dix partis politiques et deux organisations de la société civile ivoirienne ont signé, ce vendredi 9 août 2024, un protocole d’accord en vue de mener des actions communes pour des élections transparentes et crédibles en Côte d’Ivoire.
Réunis au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), à Abidjan, ils ont mis en place, à l’issue de la signature d’un protocole, le groupement de partis politiques et d’organisations de la société civile, lors d’un point de presse.
Au nom du groupement de partis politiques et d’organisations de la société civile, l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Ehivet Gbagbo, présidente de MGC (Mouvement des générations capables), a campé le contexte et l’enjeu de ce rassemblement, face aux caméras.
« Il s’agit d’afficher ensemble notre volonté commune de construire un groupement uni, solide pour obtenir des réformes en profondeur du système électoral (…) une nécessité impérieuse pour sortir définitivement des crises électorales aux conséquences tragiques », a-t-elle déclaré.
Le groupement, dira-t-elle, affirme son « désaccord relativement au processus électoral tel qu’engagé actuellement, de façon générale et en particulier pour dénoncer l’opération de révision de la liste électorale telle qu’elle est annoncée par la CEI (Commission électorale indépendante) ».
Appel à un dialogue inclusif
Pour ces partis d’opposition et organisations de la société civile ivoirienne, « le système électoral actuel est l’une des sources majeures de conflits sociologiques qui occasionnent des crises graves en Côte d’Ivoire depuis 2010 ».
« Ce système ne peut donc pas, en l’état, garantir des élections apaisées dans notre pays », a-t-elle insisté, déplorant le fait que « le gouvernement est resté jusque-là sourd aux nombreux appels des partis dans l’opposition et des organisations de la société civile ».
« Nous demandons au gouvernement d’engager un vrai dialogue, c’est-à-dire un dialogue inclusif avec les partis politiques, les organisations de la société civile et l’ensemble des forces vives de la nation », a lancé Mme Simone Gbagbo.
Ce dialogue devrait permettre, entre autres, d’aboutir à des réformes électorales nécessaires et consensuelles dans leurs aspects juridiques et constitutionnels, organisationnels, sécuritaires et de financement, à même de conduire à une élection inclusive en 2025.
Ce collectif de partis et d’organisations de la société civile dénonce le fait que la CEI ait « engagé de manière unilatérale le processus électoral et procède pour chacune des étapes de ce processus à une sorte de passage en force », a-t-elle poursuivi.
Un processus électoral décrié
« Après l’actualisation presqu’en catimini de la cartographie électorale et la programmation à tâtons de l’installation des commissions électorales locales », la CEI entend organiser la révision de la liste électorale de septembre à octobre 2024, dans un court délai, a-t-elle fait observer.
« Cette situation projette déjà le spectre d’une autre crise électorale aux conséquences imprévisibles en Côte d’Ivoire », a-t-elle estimé, soulignant que « la révision de la liste électorale telle qu’envisagée n’est techniquement réalisable dans le délai projeté ».
« Inscrire en 30 jours des millions d’électeurs à qui il faut donner le temps et les moyens d’obtenir les pièces nécessaires à l’accomplissement de ce devoir citoyen, ce n’est pas possible », a martelé Mme Simone Ehivet Gbagbo.
L’ex-Première dame a suggéré que l’opération d’enrôlement sur la liste électorale ait lieu jusqu’à trois mois avant l’élection présidentielle, prévue en octobre 2025, rappelant que quelque 5 millions de nouveaux majeurs et de non-inscrits sont attendus.
La liste électorale actuelle ressort 8 millions 012 424 d’électeurs en 2022 sur un nombre d’électeurs potentiels de près de 12,6 millions. Près de 5 millions de nouveaux majeurs et d’adultes non-inscrits sont attendus lors de la prochaine opération de révision de la liste électorale.
Le groupement des partis d’opposition et des organisations de la société civile va « rencontrer le RHDP (pouvoir) pour qu’il s’associe à nous pour la transformation des textes » électoraux, a laissé entendre Mme Simone Gbagbo.
Les dix partis de ce groupement sont le PDCI, GPS, PPA-CI, COJEP, MGC, URD, AIRD, RPP, Parti ivoirien du peuple, Objectif république. Les deux organisations de la société civile sont le FIDHOP et la PEC-CI.
AP/Sf/APA