Près de « 30% des fonctionnaires et agents de l’Etat» de Côte d’Ivoire sont victimes de surendettement dus à des prêts à usure, a indiqué jeudi à la presse à Abidjan, M. Souleymane Fadiga, le directeur général de la lutte contre la pauvreté.
Les surendettements dus au fait d’usuriers « impactent dangereusement la vie de presque 30% des fonctionnaires et agents de l’Etat », a dit M. Fadiga Souleymane, directeur général de la pauvreté au ministère de la Solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté.
M. Fadiga Souleymane s’exprimait jeudi, devant la presse, en marge d’une journée d’information et d’échanges sur le surendettement des fonctionnaires et agents de l’Etat qui a regroupé près de 30 ministères dont les employés sont touchés par ce phénomène.
Quelque 2 155 fonctionnaires et agents de l’Etat sont aujourd’hui « en situation de vulnérabilité extrême » avec « une perte annuelle de 3,8 milliards Fcfa » pour les ménages qui ne peuvent ni utiliser pour l’épargne ni pour la consommation, a-t-il fait observer.
« La situation est telle que ces personnes vivent dans une certaine précarité et nous essayons ensemble avec eux pour à travers une étude qui sera menée pour voir comment on peut les aider à trouver une solution » sur le surendettement, a-t-il ajouté.
Le diagnostic montre en Côte d’Ivoire que « près de 30 000 fonctionnaires et agents de l’Etat subissent les effets du surendettement auprès des maisons de crédits et d’équipements, dans un environnement des prêts à usure communément appelé « système margouillats ».
Le gouvernement ivoirien a procédé dès 2011 à un renouvellement des outils et matériels de travail, à une revalorisation par le déblocage des avancements indiciaires en 2014 et 2015, suivi d’un avancement des fonctionnaires tous les deux ans, pour améliorer leurs conditions de vie.
En dépit de ces efforts consentis pour l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires et agents de l’Etat, il est de plus en plus constaté que des fonctionnaires vivent dans une situation de précarité qui frise l’indigence.
Le raison essentielle évoquée pour expliquer cet état de fait est une situation de surendettement, notamment le fait pour des agents de l’Etat et des fonctionnaires de contracter de nombreuses dettes auprès d’usuriers à des taux d’intérêts illicites.
Pour l’année 2020, la revue documentaire 2020 du ministère de la Solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté, révèle que la situation de surendettement est la cause principale de la précarité et de la vulnérabilité de 2155 chefs de ménages dont 67 femmes et 2088 hommes.
Le surendettement des fonctionnaires comporte des dimensions psychologiques, sociales et culturelles. Selon la psychologue, Dr Bendé Kouakou, cela est dû à une faible rémunération salariale, une gestion inefficace du budget familial, les pressions sociales, le problème de maladie et d’addiction.
La décennie de crise qu’a connue la Côte d’Ivoire a favorisé la pauvreté. Cet état de fait caractérisé par un taux de chômage élevé, a entraîné une paupérisation des ménages avec une cherté de la vie.
En 2014, un rapport du ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement technique révèle que quelque 23 400 enseignants, soit 24,72% de ce corps de métier sont surendettés. Pour l’année 2021, l’Etat ivoirien veut proposer des reformes administratives et sociales pour atténuer l’endettement par l’usure.
En outre, le gouvernement ivoirien envisage d’engager les acteurs dans des cycles de formation sur l’éducation financière avec l’appui d’ONG et d’organismes internationaux en vue de permettre une inclusion sociale et financière.
« On aura une étude pluridisciplinaire qui va nous dire ce qu’il faut faire comme mécanisme pour régler le problème de surendettement en vue de protéger les citoyens face à cette situation et comment transformer les passifs de cette dette en élément de produit de protection sociale », a dit M. Fadiga.
Le phénomène touche des agents de 29 ministères, représentant quelque « 30% des fonctionnaires ». Selon M. Fadiga, « il y a des comportements étatiques liés au fait qu’ il y a des personnes qui ne savent plus comment faire », ce qui entraîne des abandons de postes ou des défis à l’autorité.
AP/ls/APA