Des messages ont été définis mercredi à un atelier à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, en vue d’une campagne digitale (e-campagne), assortie d’une stratégie de communication, visant à lutter contre les avortements clandestins.
Cet atelier avait pour but de contribuer à la réduction des effets de l’avortement non sécurisé et de promouvoir les droits des femmes en Afrique, car l’avortement provoqué et non sécurisé constitue un vrai problème de santé publique dans la plupart des pays en développement.
Dans ce contexte, l’Union Africaine (UA) a adopté en juin 2003 le Protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, relative aux droits de la femme en Afrique à Maputo (Mozambique). Un protocole appelé communément « Protocole de Maputo ».
L’atelier, focalisé sur la e-campagne, a réuni pendant deux jours des spécialistes et des professionnels de la communication. Il intervient également dans le cadre de la réalisation d’une campagne digitale pour la vulgarisation du Protocole de Maputo.
Cet atelier a permis, de concert avec la coalition « Action contre les Grossesses non Désirées et à Risque (AGnDR) », de définir, pré-tester et valider les messages de la campagne prévue d’octobre à décembre 2019.
Les trois messages validés sont: Pour ma vie, mon avenir, mon choix, je dis non à l’avortement clandestin ; L’avortement clandestin tue, parlons-en; Pour réduire la mortalité maternelle due aux avortements clandestins, autorités votre responsabilité est engagée pour l’application du Protocole de Mapouto.
Les participants ont de ce fait rédigé et validé la stratégie de communication (e-campagne et engagement des journalistes) du projet, permettant à l’AGnDR de définir les messages à diffuser durant la campagne digitale. Les messages ont été pré-testés avec quatre focus groupes (garçons, filles, mères et pères) à Abobo, une commune située dans le Nord de la capitale économique ivoirienne.
L’OMS a estimé à environ 25 millions de femmes qui ont pratiqué un avortement non sécurisé chaque année, entre 2010 et 2014 et 97 % de ces avortements ont été réalisés le plus souvent en Afrique où a lieu le plus grand nombre annuel de décès liés à l’avortement.
En Côte d’Ivoire, l’avortement provoqué est un acte illégal. Les conditions d’accès à l’avortement sont très restreintes. Selon une étude réalisée par l’Association ivoirienne pour le Bien-être familial (AIBEF) et la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) en 2008, la prévalence de l’avortement provoqué clandestin est de 42,5 %.
Dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, plus de deux femmes sur cinq ont connu au moins un avortement provoqué clandestin. On estime qu’il y a entre 210 000 et 288 000 avortements par an sur le territoire ivoirien.
Les femmes recourent à la pratique de l’avortement non sécurisé parce qu’elles n’ont pas accès aux services de Planification familiale d’une part et que la loi ne l’autorise qu’à des cas spécifiques d’autre part.
L’article 14 du Protocole de Maputo garantit le droit de la femme à la santé sexuelle et reproductive (SSR) et demande en particulier aux États africains d’appliquer les mesures appropriées pour permettre l’avortement médicamenteux dans certaines circonstances.
En octobre 2015, 37 des 54 pays africains avaient ratifié le Protocole de Maputo, mais nombre d’entre eux ont tardé à modifier la législation nationale pour prendre en compte cette dimension.
En vue donc de contribuer à l’accès des femmes aux services complets d’avortement en lien avec le Protocole de Maputo, l’ONG américaine Pathfinder a initié le présent projet «RESONANCE : Amplifying our voice to advancement of legal abortion» en Côte d’Ivoire.
AP/ls/APA