Dans un courrier adressé au Préfet d’Abidjan pour autorisation et dont APA s’est procuré copie, samedi, des artistes regroupés dans trois syndicats annoncent un « sit-in pacifique éclaté illimité » pour exiger le départ de Mme Irène Vieira à la tête du Bureau ivoirien des droits de l’auteur (BURIDA).
Cette manifestation prévue pour le 14 mai prochain se tiendra, simultanément, « devant le siège du BURIDA à Cocody-2 Plateaux, devant le Ministère de la Culture et de la Francophonie au Plateau et devant les locaux de la Grande Chancellerie à Cocody », lit-on.
A l’initiative conjointe du Collectif d’Artistes pour le Changement au Burida (CACB) de Fadal Dey, du Syndicat des Artistes Musiciens de Côte d’Ivoire (SAMCI) de Dan Log et du Syndicat National des Artistes Interprètes et Intermittents du Spectacle de Côte d’Ivoire (SYNARIS-CI) de l’artiste comédien Nestor Eboua dit Akowé, « ce sit-in éclaté illimité se tiendra de 06h du matin à 23h45 minutes chaque jour jusqu’à ce que Mme Vieira quitte définitivement notre maison à tous le BURIDA », précisent les organisateurs.
Une accusation « infondée », réplique un autre groupe d’artistes favorables au maintien à son poste de la directrice générale. Pour ces derniers, sous la gouvernance d’Irène Vieira, « le BURIDA est passé de 60 millions FCFA de financement des droits d’auteurs de 2008 à 2011, à plus d’un milliard depuis 3 ans ».
Un débat télévisé sur la première chaîne de la télévision nationale réunissant Nahounou Paulin représentant les artistes pro-Vieira, Fadal Dey pour les contestataires, Fausseni Dembélé, alors Directeur de cabinet au ministère de la Culture et de la francophonie et la directrice générale du Burida est organisé le 13 novembre 2018.
Ce jour-là, Mme Vieira explique que le BURIDA est sorti de son déficit. « Depuis 2017, nous avons non seulement équilibré les comptes, mais nous avons fait un résultat excédentaire. Nous avons dégagé un excédent de 116 millions de FCFA », a-t-elle asséné, se défendant des accusations de mauvaise gestion de ses pourfendeurs.
Répondant au collectif d’artistes qui réclame son départ pour « faute lourde» relativement à une activité de son institution où elle aurait engagé 120 millions FCFA et récolter en retour 35 millions FCFA, Mme Vieira a soutenu que certes l’investissement « a été déficitaire, mais n’a pas montré de fraude» en rappelant aux artistes « les enjeux » sur lesquels ils doivent se « reconcentrer », notamment, celui du « numérique ».
Dans la même veine, Fausseni Dembélé, a invité, à son tour, les artistes « à sortir du cycle de l’instabilité » estimant « qu’avec cette façon de fonctionner le BURIDA n’ira nulle part ».
Dans la foulée de ce plateau télévisé, le ministre de la culture, Maurice Bandama Kouakou annonce dans un communiqué que « l’Inspection Générale d’Etat a commandité un audit général du BURIDA ». Cette enquête a été confiée à « l’un des plus grands cabinets d’audit implanté en dans notre pays », précise le ministre Bandama qui, dans l’attente des conclusions de l’audit, invite « toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue et de responsabilité ».
À l’issue d’une réunion de Conseil d’Administration tenue ce vendredi 10 mai à la salle de conférence BURIDA, dix Administrateurs dont le Président du Conseil d’administration (PCA) Sery Sylvain se sont «désolidarisés » du sit-in dont ils ne se « reconnaissent nullement pas ».
Par ailleurs, le Conseil d’Administration invite les initiateurs de la manifestation, à « attendre les résultats de l’Audit qui éclaireront tout le monde sur la matérialité des fautes dont le CACB accuse la Directrice générale et de savoir raison garder et de cesser ces activités de nature à troubler non seulement la sérénité des sociétaires du BURIDA et du BURIDA lui-même, mais aussi éventuellement l’ordre public ».
Pour Yves Konan, le nouveau Directeur de cabinet du ministre de la Culture et de la Francophonie, qui a marqué sa surprise pour une telle « manifestation », le cabinet n’est pas informé.
Cependant, il a estimé que « la situation du BURIDA est suffisamment connue des Ivoiriens pour avoir suivi le débat organisé à la télévision sur la question » qu’il parait judicieux pour les organisateurs de ce sit-in « d’attendre les conclusions de l’audit ».
Depuis mi-août 2018, le BURIDA est secoué par une crise. Des artistes réunis au sein d’un collectif ont demandé le limogeage d’Irène Viera, la Directrice générale du BURIDA, pour selon eux, «mauvaise gestion ».
HS/ls/APA