Trois personnalités africaines, notamment Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigéria, Pedro Pires, ancien président du Cap-Vert et Hailemariam Dessalegn, ex-Premier ministre de l’Ethiopie, ont partagé l’expérience et la résilience de leur pays à ce rendez-vous du monde des affaires.
Le vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Meyliet Tiémoko Koné, a procédé à l’ouverture de CGECI Academy 2023, dont le thème de cette édition est « Croissance durable des entreprises en Afrique : Cap sur la compétitivité ».
La Cgeci Academy est la plus grande rencontre des acteurs du secteur privé en Côte d’Ivoire. Ce forum économique qui se déroule du 26 au 27 octobre 2023, est organisé par la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci, Patronat ivoirien).
Cette édition se tient dans un contexte mondial difficile et incertain, encore impacté par la guerre russo-ukrainienne, la multiplication de points de tensions géopolitiques et militaires, ainsi que la résurgence de l’instabilité dans certaines régions du Sahel.
Meyliet Tiémoko Koné a, face aux fragilités diverses, soutenu que les entreprises africaines doivent accroître leur résilience, tout en les invitant à être « plus offensives, créatives » et à « renforcer la qualité de leur gouvernance, un facteur indispensable pour se maintenir ».
Selon le dernier rapport de Africa’s Pulse de la Banque mondiale, l’instabilité grandissante, la croissance anémique des principales économies de la région, ajoutées à l’incertitude persistante de l’économie mondiale, entraînent les perspectives de croissance régionale à la baisse.
D’après ce rapport, la croissance en Afrique Subsaharienne va décélérer, passant de 3,6% en 2022 à 2,5% en 2023. Avec ces variations à la baisse, le taux de croissance du PIB par habitant dans la région est resté stable depuis 2015. Un fléchissement que l’institution qualifie de « décennie perdue ».
Si l’Afrique échappe à la récession, son taux de croissance du PIB fortement impacté par la conjoncture économique mondiale, reste toujours insuffisant pour accélérer le développement socio-économique et aider les populations à améliorer leur niveau de vie.
A cela, il faut ajouter l’inflation, la crise du coût de la vie, les dérèglements climatiques et les risques croissants de surendettement auxquels doivent déjà faire face plusieurs pays du continent pour stabiliser leur économie, mentionne le rapport.
Le président du Patronat ivoirien, Ahmed Cissé, a estimé que dans une économie de plus en plus concurrentielle, les entreprises africaines, épicentres de la création de richesses et d’emplois sur le continent, doivent « impérativement se réinventer et se réorganiser pour devenir plus compétitives ».
Le ministre ivoirien du Commerce et de l’industrie, Souleymane Diarrassouba, a soulevé notamment quatre défis majeurs, le premier étant l’investissement en vue de renforcer l’intégration des entreprises dans les marchés régionaux et continentaux.
Le second défi, dira-t-il, est l’amélioration de la qualité, un instrument d’accès aux marchés et un outil de la transformation industrielle. Le troisième défi est le renforcement des capacités des entreprises à travers l’accompagnement et le financement et le quatrième, la digitalisation pour opérer des changements majeurs dans sa stratégie et améliorer sa compétitivité.
Au cours d’un panel d’ouverture, Olusegun Obasanjo, a mis en exergue l’accompagnement des dirigeants pour en faire des champions nationaux, en créant davantage de valeurs ajoutées, de la richesse, tout en réduisant la dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Il a confié avoir demandé à Aliko Dangoté, un richissime homme d’affaires nigérian, de créer une usine de fabrication de ciment en cessant les importations. Alors que le pays importait 5 millions de tonnes de ciment, aujourd’hui, grâce à des fabriques locales, il en produit 30 millions de tonnes l’an.
Quant à l’ancien président du Cap-Vert, Pedro Pires, dont le pays tire une grande partie du tourisme, a appelé à une diversification des ressources. Durant la pandémie de la Covid-19, les touristes n’arrivant qu’au compte-goutte, la croissance du pays a connu une forte chute.
Pedro Pires a insisté, par ailleurs, sur la décentralisation afin de permettre à l’ensemble des populations de bénéficier du développement des infrastructures socio-économiques. Le Cap-Vert est un pays insulaire qui comprend neuf îles.
Pour sa part, Hailemariam Dessalegn, ancien Premier ministre de l’Ethiopie, a mis l’accent sur la transformation industrielle et structurelle. Cela a permis au pays de doubler la taille des entreprises et d’accroître sa croissance grâce à une synergie entre le secteur public et privé.
La Cgeci Academy, espace de réseautage du secteur privé, réunit chaque année plus de 1.000 CEO et 500 Young CEO autour de panels de haut niveau, de tables rondes thématiques, de rencontres networking, ainsi qu’une exposition multisectorielle et un dîner de gala.
L’événement comprend également une Business Plan Competition, au cours de laquelle de nombreux candidats aspirants à l’entrepreneuriat confrontent leur projet d’entreprise. Chaque année, la Cgeci invite des personnalités à travers le monde pour partager leurs expériences.
AP/APA