L’Etat de Côte d’Ivoire envisage d’étendre l’hévéaculture dans le nord du pays, en vue d’accroître sa production estimée à plus de 1,6 million de tonnes en 2023, et surtout lutter contre la désertification.
« Le premier appel, c’est de demander aux producteurs de tout faire (…) pour que la Côte d’Ivoire augmente sa production et que nous passions à la deuxième place au monde », a lancé ce vendredi 25 octobre 2024, le Premier ministre ivoirien, Robert Mambé.
Robert Mambé s’exprimait à l’occasion de la première édition des Journées du Caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire, qui se déroule du 24 au 26 octobre 2024, à Abidjan, avec la participation des acteurs mondiaux de l’industrie du caoutchouc naturel.
Cet événement est organisé par l’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (APROMAC), organisation interprofessionnelle agricole de la filière hévéa. Elle est composée du collège des producteurs et des usiniers.
Le Premier ministre a également appelé les acteurs de l’industrie du caoutchouc naturel à améliorer la transformation, en passant du deuxième au troisième niveau de transformation, afin que « les gains pour l’économie et les populations soient plus énormes ».
« Pour l’instant, nous ne récoltons que 0,5 à 1% des 350 milliards de dollars de chiffres d’affaires dans le domaine de l’hévéa dans le monde. Il y a donc une marge de progression très large pour nous », a fait observer le Premier ministre ivoirien.
Le président du Conseil d’administration de l’APROMAC, M. Charles-Emmanuel Yacé, a annoncé un projet de construction d’une académie des métiers de l’hévéa, précisant qu’il s’agira d’un institut à portée internationale qui sera situé sur l’axe Abidjan-Yamoussoukro.
Cet institut, dira-t-il, sera construit sur une superficie de 236 ha dans le département de Taabo. Il aura pour « objectif principal de mettre sur le marché des agents opérationnels, formés aux métiers de l’hévéa, depuis la pépinière jusqu’à la 2e de voire la 3e transformation ».
Aujourd’hui, la production s’élève à 1 million 678 000 tonnes, alors qu’en 2005 elle était de 164 138 tonnes, soit une production multipliée par 10 en 18 ans. Le nombre de producteurs villageois s’est établi à 180 000 et le nombre d’usines de première transformation fonctionnelle est de 40.
Concernant la capacité nominale des usines, elle est évaluée à 1 million 815 000 tonnes sec/an, tandis que la capacité opérationnelle est de 1 million 400 000 tonnes sec/an. Ces bons résultats de la filière ont permis à la Côte d’Ivoire d’améliorer son positionnement mondial.
La Côte d’Ivoire occupe le 3e rang mondial avec un pourcentage de production mondiale de 12% et est le premier producteur africain. L’un des défis majeurs est le développement de la deuxième transformation du caoutchouc ivoirien.
Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, du développement rural et des productions vivrières, Adjoumani Kouassi Kobenan, a réagi sur la réglementation européenne sur la déforestation importée (EUDR) qui, fera-t-il remarquer, s’applique à plusieurs spéculations.
« Cette réglementation est certes une opportunité de marché pour notre pays, mais encore faut-il que les produits traçables bénéficient d’une meilleure rémunération », a déclaré le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, du développement rural et des productions vivrières.
« Je sais que l’entrée en vigueur de la mesure a été différée d’un an (à compter de janvier 2026) et je voudrais saluer l’Union européenne pour cela, mais la question de la prise en charge du coût de la mise aux normes reste entière », a-t-il souligné.
Les plus grands pays producteurs de caoutchouc naturel au monde sont la Thaïlande et l’Indonésie avec respectivement 4,6 millions de tonnes et 3,2 millions de tonnes produites en moyenne par an sur la période 2012-2021, soit 60 % de la production mondiale.
La production mondiale est estimée à 13,8 millions de tonnes par an en moyenne sur la période 2012-2021, dont 89% proviennent du continent asiatique. En Afrique, le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Cameroun sont de gros producteurs.
L’hévéaculture en Côte d’Ivoire a démarré en 1953 avec l’installation, par l’Etat, des premières plantations industrielles et l’Institut de recherche sur le caoutchouc (dénommé IRCA) en 1956. C’est dans les années 70 que l’Etat va encourager le privé à prendre le lead de la filière.
AP/Sf/APA